Articles populaires
J’ai découvert Maryse Condé, il y a quelques années avec le livre Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem (1986). Dans ce récit, Maryse Condé donne une histoire a une jeune femme afro-descendante qui avait été condamnée à l’oubli dans la foulée des procès des Sorcières de Salem et la retourne vers son pays natal, la Barbade parmi les Nègres Marrons à l’aube des révoltes d’esclaves. Depuis, la plume de Maryse Condé m’a conquise et ayant remporté le Nouveau prix académique de littérature en Octobre 2018, il était de mise que je vous en fasse un portrait.
Guadeloupéenne indépendantiste, Maryse Condé naquit le 11 février 1934, la benjamine d’une famille aisée de 8 enfants, d’une mère institutrice et d’un père banquier. A 16 ans, elle part étudier en France, au lycée Fénelon, dans le 6e arrondissement de Paris puis à La Sorbonne, en études anglaises. Pendant ses études, elle éprouve le racisme, découvre sa négritude et prend conscience du colonialisme aux Antilles mais aussi en Afrique. Puis elle publie ses premiers récits : La légende du flamboyant, Enfances noires et Le rêve exotique en peinture, qui couvrent le monde créole.
En 1959, elle épouse l’acteur guinéen, Mamadou Condé, avec qui elle eut 4 enfants. De là, elle se rendit en Afrique et parcouru la Guinée, le Ghana, le Sénégal… un peu toute l’Afrique de l’Ouest. Elle enseigna le français au lycée de Bingerville en Côte d’Ivoire. Elle entreprendra, au Ghana, la rédaction de ce qui sera son premier roman Heremakhonon, inspiré de son vécu en Afrique de l’Ouest et publié en 1976. Après quelques démêlés avec la justice ghanéenne, Maryse Condé part pour Londres avec sa famille et travaille pour le compte du service Afrique de la BBC pendant 2 ans. Éventuellement, elle retourne en France et obtient son doctorat en littérature comparative de la Sorbonne. En 1981, Condé et elle divorcèrent puis l’année suivante, elle épousa le britannique Richard Philcox, traducteur de langue anglaise de la plupart de ses romans.
En plus de son talent littéraire, Maryse Condé se distingue également sur la scène académique. Devenant professeur de littérature française à l’université Columbia, à New York, elle y a aussi fondé le département d ’études françaises et francophones en 1997. Elle préside le Comité pour la mémoire de l’esclavage créé en janvier 2004 pour l’application de la loi Taubira qui a reconnu en 2001 la traite et l’esclavage comme crimes contre l’humanité.
En parcourant plusieurs de ses entretiens, on découvre que c’est sa quête identitaire qui la mène vers la littérature. C’est en lisant Aimé Césaire, Joseph Zobel et autres écrivains de la négritude qu’elle façonne sa personne, se politise et se conscientise. Se décrivant comme une féministe, ses romans sont souvent centrés sur des femmes, mais ils parlent aussi de races, sexes et cultures et mettent en scène la condition de la personne noire. Maryse Condé relate par-delà des mots, le racisme vécu au quotidien par les afrodescendants à travers différentes époques. Son succès Segou, en deux tomes (1984/1985), raconte le déclin de l’empire bambara (XIXe siècle) et de sa descendance. La migration des coeurs (1995), inspiré du roman d’Emily Brontë Les Hauts de Hurlevent (Wuthering Heights en anglais) transpose l’intrigue et les personnages dans la Guadeloupe. Restant fidèle au roman de Brontë, Maryse lui confère une identité complétement guadeloupéenne. Dans Célanire cou-coupé (2000), Maryse expose l’existence et le caractère des guadeloupéens des années 1880-1910.
La bibliographie de Maryse Condé est prolifique. Ses oeuvres incluent des romans, des pièces de théâtre et des essais. Elle a également produit de la littérature jeunesse. Par son oeuvre, elle lègue son savoir, ses idées ainsi que ses expériences personnelles.
Bulle de Mélanine
Fière maman de deux petites, chroniqueuse radio et professionnelle dans le domaine de télécommunication, je me passionne aussi pour la littérature afro. Dans mon processus de me bâtir une bibliothèque afrocentrisée, je partage mes découvertes.
L'Encre Noir