Malcolm X (19 mai 1925 – 21 février 1965), né Malcolm Little, également connu sous le nom de El-Hajj Malek El-Shabazz et surnommé « Red » lors de sa jeunesse (en raison de ses cheveux roux), est un prêcheur afro-américain, orateur et militant des droits de l’homme. Aux yeux de ses admirateurs, il est un défenseur courageux des droits afro-américains ayant mis en accusation les États-Unis pour leurs crimes envers la communauté noire. En revanche, ses détracteurs l’accusent d’avoir prêché le racisme, le suprémacisme noir et la violence. Il a été de nombreuses fois décrit comme l’un des plus grands et des plus influents Afro-Américains de l’Histoire.
Malcolm naît à Omaha, dans le Nebraska.. Le père de Malcolm est un prêcheur baptiste convaincu, fervent soutien de Marcus Garvey et charpentier. Alors qu’il est âgé de treize ans son père meurt, puis sa mère est transférée en hôpital psychiatrique.
Louise Norton, la mère de Malcolm est née à la Grenade aux Antilles, d’un père d’origine écossaise, et qui, selon Malcolm, ressemblait plutôt à une femme blanche. Son grand-père était un homme blanc dont Malcolm ne savait rien, si ce n’est ce qu’il décrivait comme « la honte de ma mère ». C’est de lui que Malcolm tenait son teint relativement clair. Il pensa d’abord, qu’être métissé était une chance, un « symbole de statut social ». Plus tard, il dira qu’il « haïssait chaque goutte de ce sang de violeur » en lui.
Son enfance, comprenant l’éducation de son père axée sur la fierté noire, et ses propres expériences sur le sujet, ont joué une influence très importante tout au long de sa vie. Quatre de ses oncles furent tués par des Blancs, dont un lynché. Après avoir vécu dans de nombreuses familles adoptives, Malcolm rentre dans le milieu criminel de Boston et de New York. En 1946, il est condamné à dix ans de prison.
Pendant son enfermement, il devient membre de Nation of Islam. Après sa mise en liberté conditionnelle en 1952, il devient l’un des leaders et porte-parole du groupe; pendant presque une douzaine d’années, il représente publiquement Nation of Islam.
Assez rapidement, il change son nom de famille pour « X ». Malcolm expliqua que ce nom représentait le rejet de son « nom d’esclave » en l’absence de son véritable nom d’origine africaine. Dans l’Amérique esclavagiste d’avant 1863, le maître imposait à ses esclaves de prendre son nom afin de les « marquer » comme ses choses, d’où le rejet. Le « X » représente également à la fois la marque appliquée sur le bras de certains esclaves et l’inconnue mathématique, qui symbolise l’inconnue du nom d’origine. Cette vision a conduit de nombreux membres de Nation of Islam à changer leur nom pour « X », comme sa future épouse, Betty X, ou à prendre des noms musulmans, supposés plus authentiques.
Dans l’intervalle qui sépare sa conversion à la cause de Nation of Islam en 1952 et sa séparation de l’organisation en 1964, il épouse pleinement les enseignements de Elijah Muhammad, notamment le fait de faire référence aux blancs comme à des « diables », créés par un programme d’élevage mal orienté d’un scientifique noir, Yacoub. X prédit l’inévitable et imminent retour des noirs à ce qu’il voit comme leur place naturelle, à savoir en haut de l’échelle sociale et de l’ordre social.
À partir du début des années 1960, plusieurs controverses vont progressivement éloigner Malcolm X d’Elijah Muhammad.
Tout d’abord des affaires de mœurs : des rumeurs courent alors depuis quelque temps sur les nombreux adultères commis par Elijah Muhammad avec de jeunes secrétaires du mouvement. Warith Deen Muhammad, le propre fils d’Elijah Muhammad, et un ami proche de X, informe ce dernier « en 1963, que son père avait mis enceinte six de ses secrétaires ». L’adultère est contraire aux enseignements de Nation of Islam. Après avoir écarté ces informations, Malcolm X aurait fini par en obtenir confirmation en 1963. Elijah Muhammad lui-même aurait fini par indiquer qu’étant l’envoyé de Dieu sur terre, il n’était pas soumis aux même règles que le commun des mortels, et expliquant que cette activité avait pour but de suivre la lignée des prophètes bibliques. Malcolm X nota qu’il ne fut pas satisfait par l’explication, mais que sa foi en Elijah Muhammad ne vacilla pas. Il indiqua aussi qu’il était navré de voir d’autres prêcheurs faire un usage personnel des fonds de Nation of Islam.
Le second sujet de divergence porte sur la politique : Malcolm X est intéressé par le mouvement pour les droits civiques des Noirs tels qu’il se développe depuis 1955. Si l’idéologie officielle du mouvement est opposée au nationalisme noir, et revendique simplement un statut d’« américain normal » pour les Noirs, X considère qu’il doit y avoir une présence des nationalistes noirs et des black muslims dans ce qui apparait alors comme le premier grand mouvement de masse noir de l’histoire des États-Unis. Elijah Muhammad est en revanche hostile à la fin de la ségrégation raciale et au soutien à un mouvement dans lequel se trouvaient de nombreux blancs progressistes. Il craint la dissolution des noirs dans un ensemble américain dominé par les blancs.
[amazon-slideshow align= »right »]85a4e724-a924-4660-a5c2-a5272300fecf[/amazon-slideshow]
En novembre 1963, après l’assassinat du président Kennedy, toutes les divergences éclatent sur la place publique, après une déclaration controversée de X. Celui-ci déclare en effet que la violence que Kennedy n’avait pas pu arrêter se retournait contre lui. Il ajoute « Chickens coming home to roost never made me sad. It only made me glad » (« les poulets revenant au poulailler pour se faire rôtir ne me rendent jamais triste, ils me rendent seulement heureux » – En français, « Chickens coming home to roost » a une signification proche de « qui sème le vent récolte la tempête » c’est-à-dire « puisque la société américaine et son président ont opté pour la violence, il n’est pas étonnant que celle ci fasse effet boomerang » . Cette phrase pouvait se comprendre comme une approbation de l’assassinat. Elijah Muhammad désavoue cette déclaration, et interdit à X toute déclaration publique pendant 90 jours, injonction à laquelle Malcolm X obéit. Mais les relations entre les deux hommes atteignent leur point de rupture. Dans son autobiographie, X affirme même qu’un de ses assistants lui aurait alors dit avoir reçu l’ordre de la direction de la Nation of Islam de le tuer.
A lire aussi
A découvrir ... Portrait
Michael P. Farkas: le dandy de la Table ronde du mois de l’Histoire des Noirs
Michael P. Farkas, est une personnalité incontournable de l’environnement culturel et communautaire montréalais
Cheikh Anta Diop: un Honneur à l’Histoire Africaine
L'égyptologie « afrocentrée » est un domaine de recherche initié par Cheikh Anta Diop, où l'on étudie la civilisation de …
Un moment dans l’espace de Guy Mushagalusa Chigoho
Guy Mushagalusa est un passionné. Passionné de culture, passionné d'arts, passionné des gens, Guy Mushagalusa est le fondateur en 2014 …