Le récent rapport mené par la mission d’experts sur les personnes d’ascendance africaine au Canada dénonce la gestion préoccupante du Canada envers sa population afro-descendante. Les conclusions d’une mission onusienne faite au Canada sont effroyables, inquiétantes. Les médias canadiens ne partagent que leur mutisme et dédramatisent les faits devant ces chiffres qui jettent une toute autre lumière sur la situation des Noirs au Canada.
Toutes les métropoles canadiennes sont pointées du doigt. Toronto, Montréal, Ottawa, Halifax, plus particulièrement puisqu’elles étaient principalement ciblées par le groupe d’experts sur les personnes d’ascendance africaine.
Malgré l’enviable réputation canadienne et son multiculturalisme enjolivé sur les plateformes mondiales, la réalité a frappé le groupe d’experts. « L’histoire de l’esclavage au Canada, de la ségrégation raciale et la marginalisation ont eu un impact délétère sur les personnes d’ascendance africaine, qui doit être abordée en partenariat avec ces communautés.»
Le rapport poursuit : « L’histoire informe que le racisme anti-noir et les stéréotypes raciaux sont si profondément ancrés dans les institutions, les politiques et pratiques, que ses formes institutionnelles et systémiques sont normalement normalisées ou rendues invisible, en particulier pour le groupe dominant. » peut-on y lire.
La population des minorités visibles canadienne se compose principalement de personnes d’origine sud-asiatique, chinoise, noire, philippine, latino-américaine, arabe, d’Asie du Sud-Est, d’Asie de l’Ouest, d’origine coréenne et japonaise spécifie le rapport. À Montréal, les Afro-Canadiens connaissent le plus haut taux de pauvreté parmi celles-ci.
Le paragraphe sur l’éducation mérite d’être relayé tel quel, puisque c’est un des noeuds du problème : « Le Groupe de travail était préoccupé par le racisme anti-noir et le manque d’inclusion sociale dans le système éducatif au Canada. Les étudiants afro-canadiens ont un niveau de scolarité disproportionnellement bas, des taux d’abandon élevés, des suspensions et des expulsions endémiques et ils sont plus susceptibles que les autres enfants d’être diffus dans des programmes généraux, basiques plutôt que de programmes de niveau avancé. Les stéréotypes basés sur la race, sur la capacité scolaire des étudiants afro-canadiens ont eu un impact dévastateur. Les trois principales préoccupations exprimées étaient le traitement différencié, le manque d’histoire et de culture de l’Afrique et du noir sur le curriculum et l’absence d’enseignants noirs. La qualité de l’éducation reçue et le résultat de leurs expériences éducatives affectent le potentiel d’emploi et de revenu des Afro-Canadiens. »
La racialisation de la pauvreté est aggravée par la féminisation de la pauvreté : le taux de chômage des femmes noires au Canada est de 11 % comparativement à 7% pour la population canadienne en général et, lorsqu’elles sont employées, les femmes afro-canadiennes gagnent 37 % moins que les hommes blancs et 15% de moins que la femme blanche. Un chiffre criant : 25 % des Afro-Canadiennes vivent sous le taux de la pauvreté comparativement a 6% des femmes blanches. C’est un ratio incroyable de quatre fois plus!
Et si vous pensez qu’on ne pouvait pas descendre plus bas. Attachez-vous bien! Le Groupe de travail a déterminé que les enfants d’Afro-Canadiens sont retirés de leurs parents par des organismes de protection de l’enfance de façon douteuse, abusive, sans tenir compte des possibilités qui existent dans les familles et les communautés afro-canadiennes. De nombreux rapports et revues académiques mettent l’accent sur le racisme en tant que cause fondamentale de ce déracinement précoce.
Dans le système de justice canadien, les Noirs, qui sont visés par la majorité des crimes haineux (44 %), sont surreprésentés. Ceci est attribué aux préjugés raciaux présents à tous les niveaux du système dénonce l’étude. Le profilage racial est exercé à la discrétion des divers procureurs, les contraintes d’incarcération avant l’obtention de jugement et les disparités évidentes dans la détermination des sentences ont confirmé les pires craintes des chercheurs.
[blockquote author= » » pull= »pullright »]Avant la Loi sur l’immigration de 1976, la majorité des nouveaux migrants Noirs du Canada provenait des États-Unis. Aujourd’hui ce n’est plus le cas à l’exception de la Nouvelle-Écosse qui conserve un fort lien avec ses premiers Afro-Canadiens présents depuis la naissance de la fédération canadienne. La localité de Preston en Nouvelle-Écosse, qui fut offerte aux Loyalistes Noirs par la couronne Britannique, est dans le pays celle qui détient aujourd’hui le plus haut taux de Noir au pays avec 69.4%. De plus, avec les chiffres de 2011, on découvre que 80% des Noirs de Nouvelle-Écosse sont natifs de l’île des Maritimes, 77 % y sont depuis plus de trois générations.[/blockquote]
On sait que les arrestations arbitraires de policiers intensifient la violence policière, entraînant des blessures et même des décès de personnes d’ascendance africaine, en particulier lorsque les personnes ciblées souffrent de problèmes de santé et d’handicaps mentaux. Le rapport cite explicitement le nom d’Afro-Canadiens morts entre les mains des forces policières, et ce, après 2010 seulement : Andrew Loku, Jermaine Carby, Alex Wettlaufer, Kwasi Skene-Peters, Jean-Pierre Bony, Ian Pryce, Frank Antony Berry, Michael Eligon, Eric Osawe, Reyarl Jardine-Douglas et Junior Alexander Manon.
En Ontario Jermaine Carby, 33 ans, a été tiré mortellement par la police de Brampton le 24 septembre 2014. La police a allégué qu’il a refusé de déposer un couteau. Cependant, les enquêteurs de l’Unité provinciale des enquêtes spéciales n’ont trouvé aucun couteau sur la scène. Une omerta règne dans cette sale affaire puisqu’aucun des agents impliqués dans l’épisode n’a été accusé, discipliné ou même identifié publiquement.
Andrew Loku, 45 ans, un immigrant du Soudan du Sud atteint de problèmes mentaux, a été abattus par la police de Toronto hors de son appartement en juillet 2015, parce qu’il aurait refusé de déposer… un marteau.
Abdirahman Abdi, un immigré somalien en garde à vue le 24 juillet 2016, aurait été battu à mort par les policiers d’Ottawa, la capitale nationale.
La province ontarienne joue à l’autruche avec ces morts ciblés ou les chiffres réels sont dissimulés. Aucun service policier ou correctionnel n’avoue conserver de chiffres sur les incidents létaux impliquant Noirs et forces de l’ordre.
Les chiffres dans les prisons fédérales sonnent l’alarme. Entre 2005 et 2015, il y a eu une hausse de 71% de prisonniers Noirs. Les Noirs représentent 7.5% de la population totale incarcérée au fédéral alors que les Noirs totalisent 3% de la population totale. Et il y a pire encore. Le groupe de travail a dénoté qu’environ 40% des détenus en isolement dans le centre de détention de Toronto-South étaient d’ascendance africaine et ils sont abusivement étiquetés en tant que « membre de gang de rue ». L’ombudsman de l’Ontario a convenu que l’isolement avait des effets négatifs graves sur les détenus, en particulier les personnes vulnérables ayant une déficience intellectuelle et/ou de développement mental. Le Bureau de l’enquêteur correctionnel a signalé que les détenus noirs étaient de 1,5 fois plus susceptible d’être placés dans des établissements de sécurité maximale où la programmation, emploi, formation, mise à niveau de l’éducation, programmes de réadaptation et social les activités sont limitées.
Toutes ces sombres observations n’auraient pas pu être mises en lumières sans de constructives et intéressantes propositions du rapport émis en fin septembre 2017.
– Première recommandation : Faire des excuses et envisager d’accorder des réparations aux Afro-canadiens pour l’asservissement et les injustices historiques qu’ils ont subies.
– Seconde recommandation du groupe : Reconnaître légalement les Afro-Canadiens en tant que groupe distinct qui a porté et continue à apporter de profondes contributions économiques, politiques, sociales, culturelles et spirituelles à la société canadienne.
– Troisième point : Prendre des mesures concrètes pour préserver l’histoire de l’asservissement, la contribution politique, sociale et économique des Afro-Canadiens en établissant des monuments en leur honneur.
– Finalement, veiller à ce que les manuels et autres matériels pédagogiques reflètent fidèlement les faits historiques liés aux tragédies passées et aux atrocités, en particulier l’esclavage, pour éviter les stéréotypes négatifs sur les personnes d’ascendance africaine.
Comme le rappelle le rapport d’une vingtaine de pages, les Afro-Canadiens ont fait un apport significatif dans les premières années du Canada. Dès 1812, Ils ont défendu les frontières canadiennes contre l’envahisseur américain.
Vous pouvez lire le fameux rapport en suivant ce lien >>
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