Le Canada entretient des relations diplomatiques avec l’Afrique du Sud depuis 1939. Le second pays plus étendu du monde se vante de son soutien historique dans sa lutte antiapartheid sous le gouvernement de Pierre Trudeau dans les années 70. Nelson Mandela a même été fait citoyen d’honneur en 2001.
Autre temps, autres moeurs. Cette année pour le 100e anniversaire de l’ANC, les diplomates canadiens ne se sont pas présentés à la célébration de l’événement le plus important sur le calendrier politique de l’Afrique du Sud en 2012.
Les diplomates du Canada soutiennent que leurs invitations sont tout simplement arrivées trop tard et n’ont pu honorer l’Afrique du Sud de leur présence. Paradoxalement, plusieurs autres pays occidentaux ont reçu leur invitation au même moment et ont tout de même participé à la célébration.
L’affront a suscité des critiques sur le sol canadien, et expose la négligence et entrave actuellement les relations du Canada avec le pays le plus riche de l’Afrique, devant l’Égypte.
Actuellement, l’Afrique du Sud est le 3e partenaire commercial du Canada en Afrique subsaharienne derrière le Nigeria et l’Angola avec des échanges bilatéraux de 1,6 milliard $ en 2011.
Avec l’ANC qui tire à gauche et regarde de plus en plus vers la Chine, et avec un gouvernement canadien de droite de M. Harper qui perçoit l’Afrique comme un projet de l’ancien gouvernement, les anciens partenaires s’éloignent lentement, non seulement par des différences idéologiques, mais ont aussi des différends marqués sur des sujets comme la guerre en Libye et la politique climatique.
Décidément, M. Harper et M. Zuma ont su inspirer les artistes récemment
Malgré l’adhésion de l’Afrique du Sud au G20, il y plus de 10 ans qu’un ministre canadien ait mis les pieds en terre sud-africaine.
Les deux pays du Commonwealth ont pourtant un passé commun élogieux. Dans les années 80, des diplomates canadiens visitaient des cantons et les églises pour promouvoir et soutenir la liberté. L’Afrique du Sud s’est fortement inspirée de la Charte des droits et libertés pour sa constitution et la Déclaration des droits après la chute de l’apartheid en 1994.
Pourtant, depuis lors, la relation s’est détériorée dans l’apathie et la négligence. L’image du Canada en Afrique du Sud d’aujourd’hui ne se définit plus dans sa lutte antiapartheid, mais par l’histoire de Brandon Huntley, le Sud-Africain blanc à qui le Canada a offert le statut de réfugié en 2009 pour avoir prétendu être victimes de persécutions racistes antiblanches. Il a allégué que des Noirs le traitaient de « Chien blanc » et de « Colon ». Cette histoire mit en colère le gouvernement sud-africain. Dans un geste tout aussi flou, le Canada a maintenu une interdiction de visa pour les dirigeants de l’ANC, les obligeant à demander des exemptions spéciales s’ils veulent visiter le pays.
Pendant ce temps, les deux pays se sont retrouvés sur les côtés opposés de la clôture diplomatique dans une foule de questions mondiales, tels la Libye, la Syrie, le Soudan, le Zimbabwe et Israël. Et ils se sont entrechoqués à nouveau l’an dernier lorsque l’Afrique du Sud a fustigé le gouvernement de Stephen Harper pour son hostilité au traité climatique de Kyoto.
En dépit de ses fortes préoccupations contre l’apartheid dans les années 1980, « Le Canada n’a pas été en mesure de relier cette bonne volonté à une relation de fond avec l’Afrique du Sud », a déclaré Edward Akuffo, un politologue et spécialiste de l’Afrique. « Le Canada a mis l’Afrique sur les marges de sa politique étrangère » ajoute David Hornsby, un conférencier canadien à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg, qui décrit les relations entre les deux pays comme « déconnectées, inquiètes et tendues ».
Dans les faits, on se demande même si les deux pays sont encore partenaires, étant donné le manque d’attention accordée par le Canada. Les deux pays n’ont vraiment tout simplement plus de connexion sur d’importantes questions internationales.
Le premier ministre du Canada M. Harper a fait une seule visite en Afrique subsaharienne, et il a modifié l’aide étrangère du Canada, préférant donner la priorité à l’Amérique latine.
Lorsque des personnalités telles que M. Mandela et M. Mulroney a disparu de la scène politique, l’histoire d’amour du Canada avec l’Afrique du Sud s’est rapidement émoussée et avec Harper et Zuma, ne courant ne passe tout simplement pas. M. van Heerden de l’ANC : « L’Afrique du Sud ne se présente pas avec un bol de mendiant. Nous avons travaillé ensemble auparavant, nous avons une histoire qui a connu du succès – pourquoi ne venez-vous plus à la fête? »
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