Israël est le foyer de quelque 100 000 Falashas, les Juifs noirs d’origine éthiopienne. Ils n’ont qu”une très minime représentation au gouvernement et rapportent qu’ils sont traités comme des citoyens de seconde classe.
Dirigé par un homme qui en a marre, Molat Araro de Kiryat Malachi, les Falashas, commencent enfin à parler.
« Je proteste contre le racisme qui sévit dans la société israélienne dans le but de réveiller cette société qui est somnolente », a écrit Araro sur sa page Facebook.
« Étant quelqu’un qui a grandi ici, je ne peux plus supporter l’irresponsabilité de la société à l’égard de la lutte contre le racisme », ajoutant que sa génération est prête à se battre, et doit se battre pour les générations futures.
Jusqu’à relativement récemment, l’homme de 26 ans a été presque complètement inconnu au sein de sa communauté de Falashas en Israël. Et il était encore plus anonyme dans le reste de l’État hébreu, où ces Africains, les descendants de la reine mythique de Saba, sont habituellement très discrets.
Mais tout a changé quand cet étudiant en éducation physique a commencé sa marche de trois jours contre le racisme, arborant un drapeau israélien, avec la moitié de son visage peint en blanc. Ce pèlerinage l’a conduit de Kiryat Malahi, une petite ville dans le sud d’Israël, où 20 % des habitants sont des Falashas, jusqu’aux portes de la Knesset, le parlement israélien, à Jérusalem. La Knesset est composée de 120 députés, élus pour un mandat de 4 ans. Elle vote les lois, le budget, contrôle le gouvernement et élit le président de l’état.
Environ 5 000 autres Falachas l’attendaient là pour dénoncer la discrimination dont elles sont victimes en Israël. « Quand nos parents ont émigré en masse au début des années 1980, ils ont pensé qu’ils fuyaient vers un paradis. Mais tout ce qu’ils ont trouvé, c’est le mépris », affirme Adissu Mohal, un employé de supermarché de 40 ans. “Pas un jour ne passe sans que quelqu’un ne me traite de coquerelle. »
Le mécontentement des Falashas a culminé, lorsque les habitants blancs de Kiryat Malahi ont convenu par écrit de ne pas louer ou vendre des biens aux Noirs. La mairie a appuyé le discours. “Nous ne voulons pas de ces merdes dans nos bâtiments », ont déclaré les habitants de la ville aux journalistes de la télévision. Des graffitis haineux contre les Israéliens d’origine éthiopienne ont également été pulvérisé sur plusieurs véhicules et les murs de la ville de dimanche dernier. En réponse, les Falachas, qui n’avaient pas protesté depuis 1995, sont descendus dans les rues. « Nous sommes comme vous, écoutez-nous! » criaient les manifestants.
Shlomo Molla, le seul député Noir du pays, a déclaré au Jerusalem Post que l’incident est « très grave », et a ajouté qu’il est très familier avec ces histoires, et connaît des dizaines d’Éthiopiens-Israéliens qui ont enduré de telles discriminations.
Selon le Jerusalem post, dans un segment de la Chaine 2 de la télévision israélienne, on pouvait entendre un habitant du quartier de Bar-Yehuda dire : « le seul bon Éthiopien est un Éthiopien mort. » Un chroniqueur israélien a même titré son éditorial Kiryat Malachi = Mississippi en début d’année 2012 faisant un parallèle avec les Afro-Américains des années 30 sous Jim Crow.
Le ministère israélien de l’immigration et de l’intégration nie l’existence du problème. La ministre Sofa Landver, une thérapeute d’origine russe, a déclaré que les Falashas seraient bien avisés de garder le silence. « Ils devraient être reconnaissants à l’État pour tout ce qui a été fait pour eux », dit-elle.
C’est ce genre de dédain normalisé qui a incité les 5000 Israéliens noirs à accueillir Molat Araro en héros à son arrivée à Jérusalem. Ils espèrent une protestation plus forte à Tel-Aviv au cours des prochains mois.
« Le temps est venu d’agir, parce que notre situation est insupportable », explique Kfissa, une mère célibataire dont les deux filles, âgées de 8 et 11, restent à la maison parce qu’aucune école ne les accepte. « Nous en avons assez de n’être bon qu’à vider les vidanges pour un maigre salaire ou d’être obligé de mendier pour survivre. »
Les Noirs d’Israël représentent 1,5 % de la population et n’ont pas de représentation au sein du gouvernement. Un signe inquiétant de la situation désespérée pour certains Falashas est les nombreux cas d’assassinats et de suicides qui ont eu lieu au cours de la dernière décennie. Il y a eu au moins 30 cas de Falashas sans emploi et déprimé qui ont tué leurs femmes et leurs enfants avant de prendre leurs propres vies. Des dizaines d’autres ont tenté, en vain, de faire la même chose.
Conscient de la gravité du problème, le ministère de l’Immigration a commandé une étude en 2009, mais les résultats ont été tellement accablants pour les politiques d’intégration de l’État que les chapitres les plus sensibles n’ont jamais été révélés.
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