Les églises rupestres de Lalibela désignent onze églises monolithiques taillées dans la roche. Elles se trouvent dans la ville de Lalibela. Elles furent taillées au début du XIIIe siècle sur l’ordre du roi Gebra Maskal Lalibela qui fut Négus d’Éthiopie à partir de 1189.
Gebra Maskal Lalibela qui fut canonisé par l’Eglise Ethiopienne voulait permettre aux chrétiens orthodoxes éthiopiens d’avoir sur leur terre leur propre Jérusalem, les pèlerinages vers la ville sainte étant de plus en plus difficile suite à l’expansion de l’islam.
L’aménagement du site a été conçu pour que sa topographie corresponde à une représentation symbolique de la Terre Sainte, d’où son appellation de « Jérusalem Noire ».
Aucun document historique ne donnent d’informations sur les architectes, les ouvriers ou la date de fondation précise des églises. Il est toutefois évident que d’énormes moyens ont dus être mis en oeuvre pour réaliser ces travaux. En ce qui concerne l’église Bete Giyorgis 3 400 m³ de rocher furent enlevés dans la cour et environ 450 m³ à l’intérieur de l’église. Quant à l’église Bete Medhane Alem, 15 000 m³ furent enlevés de la cour et 10 000 m³ à l’intérieur.
Diverses hypothèses sont émises sur le déroulement des travaux. La première phase aurait été selon, Walter Raunig, la phase d’excavation ou de dégrossissage qui permettait de dégager progressivement les différentes parties du bâtiment selon les dénivellations du terrain.
Cette phase aurait été suivie par la phase des travaux précis: les pierres mais également les œuvres sont sculptées. Les ouvriers auraient peut-être débuté par les galeries à l’intérieur du bloc de l’église pour ensuite creuser en commençant par l’entrée pour parachever les surfaces.
Il est toutefois possible que l’on ait d’abord ébauché l’extérieur avant d’élaborer les détails sur les façades, enfin on aurait vidé l’intérieur à partir de l’entrée. Cette méthode étant plus complexe que la précédente, il est peu probable qu’elle ait été utilisée.
Le site fut décrit par un européen en septembre 1520, lorsque une mission est arrivée en Éthiopie. C’est Francisco Alvarez, le chapelain de la mission, qui va procéder à la description de chaque église. Alors qu’il parle de l’église majeure, il écrit: « …à mon avis, il ne se trouve rien dans le monde entier de semblable, des églises sculptées avec art dans le rocher vif ».
Il décrit avec une particulière précision Bete Giyorgis, il écrit à ce moment-là: « Je dois arrêter de parler de ces édifices impressionnants, car je suis certain que beaucoup ne pourront pas me croire et penseront que j’ai exagéré ».
Afin de compléter ses écrits, Francisco a également réalisé des dessins, certains réalistes d’autres plus subjectifs. A son époque, les églises étaient dans un meilleur état qu’aujourd’hui. Dans le livre de Raffray, les images montrent l’érosion de la pierre; Monti delle Corte a réalisé en 1940 des photos et des dessins qui montrent l’état préoccupant des monuments.
Les premières restaurations ont été effectués sous le règne de Zewditu I (1916-1930), elles ont permis de protéger, avec les moyens de l’époque, les églises. Enfin, en 1978, le site de Lalibela est inscrit par l’Unesco au patrimoine culturel de l’humanité, des moyens ont alors été mis à disposition afin de conserver les monuments.
Le cœur de chaque église est le « maqdas », la pièce qui abrite le « tabot » symbolisant à la fois l’Arche de l’Alliance et les Tables de la Loi. Seul le prêtre a le droit d’y pénétrer. La porte en est généralement décorée d’images pieuses et de riches draperies. Une croix monolithe marque le point de départ d’un parcours sacré effectué par les pèlerins.
Les églises (Biet, Bet, Bete ou Beta) sont divisées en deux groupes:
Les églises du groupe septentrional: Bete Debre Sina, Bete Mikael, Bete Gologota-Selassié, Bete Maryam et Bete Medhane Alem. Les églises de ce groupe sont situées l’une derrière l’autre d’ouest en est, au centre d’une dorsale inclinée du nord au sud. Pour accéder à ce groupe, on trouve deux entrées principales taillées dans la roche.
La première est accessible depuis le Jourdain, elle est orientée en direction de Bete Maryam (sud). La deuxième se trouve vers l’ouest, près des églises Bete Debre Sina – Bete Mikael – Bete Golgota. C’est à son extrémité, proche des tombes que se trouve la « tombe d’Adam », un édifice monolithe dont la façade mesure 2,5 m de large et 9 m de haut. En entrant dans cet édifice, on arrive dans une petite salle mesurant 3 m de long et 2 m de large. Celle-ci se trouve sous la tombe, on peut accéder aux tombes, au nord et au sud du bâtiment. La tombe d’Adam se trouve à l’étage, c’est une petite cella où l’on peut voir une représentation d’une croix de plus ou moins 1,5 m de haut.
L’église Bete Medhane Alem (« Maison du Sauveur du monde »), la plus haute et la plus vaste du site, se présente comme la reproduction de l’Église Sainte-Marie-de-Sion, d’Aksoum, détruite en 1535 par les armées de l’envahisseur Ahmed Gragne. Dépourvue de peintures, elle est divisée en cinq grandes nefs.
Bete Maryam, la « Maison de Marie », Bete Meskel, la « Maison de la Croix » et Bete Dengel, la « Maison des Vierges martyres », présentent des décors variés et des aménagements symboliques qui témoignent de l’originalité du christianisme éthiopien.
Les églises du groupe Est: Bete Gebriel-Rufael, Bete Merqorewos, Bete Abba Libanos et Bete Amanuel.
Bete Amanuel, la « Maison d’Emmanuel » et Bete Gebriel-Rufael, la « maison de Gabriel et Raphaël » sont les deux édifices les plus remarquables parmi ceux qui ont été construits sur la rive sud du Yordanos.
L’église St Emmanuel fait partie du groupe Est. Son ornementation extérieure reprend des thèmes axoumites. Elle est reliée à l’église Bet Mercurios par un tunnel de 35 m de long.
L’église Abba Libanos de forme rectangulaire, est escavée sur ses quatre côtés, mais offre la particularité d’être restée attachée au rocher par son sommet.
L’église d’Éthiopie affirme avoir été fondée par Philippe au Ier siècle, mais elle ne devient religion officielle du royaume d’Axoum qu’au IVe siècle. Du IVe siècle jusqu’en 1959, le dirigeant de l’église d’Éthiopie a toujours été un moine égyptien nommé archevêque (Abuna) par le patriarche copte d’Alexandrie. Le terme « église copte d’Éthiopie » était donc couramment utilisé, mais l’est beaucoup moins depuis 1959.
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