Le candidat aux élections présidentielles Guinéen Alpha Condé s’est retiré d’une tournée de paix avec son rival afin de visiter des points chauds de ou pourrait émaner de la violence politique et ethnique lors d’un second tour électorale qui prend plus en plus de retard.
Le spectacle de la solidarité entre Alpha Condé et son rival Cellou Dalein Diallo pour apaiser les tensions dans le pays devait avoir lieu dans la foulée de l’annonce d’une nouvelle date pour le second tour de scrutin le 7 novembre.
« Le professeur (Alpha Condé) voulait y participer, mais une foule est venue à son domicile. Ces gens se sont montrés contre cette initiative », a déclaré François Lonseny Fall, porte-parole de l’alliance pro-Condé.
Un porte-parole du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) de M. Condé, Ahmed Tidiane Traoré a confirmé que « les militants ne croient pas que leur candidat doit se déplacer, car selon eux cela n’est pas nécessaire. »
S’adressant à l’AFP à Dakar par téléphone, le candidat à la présidentielle Cellou Dalein Diallo a dit qu’il avait consulté sa sécurité et avait en conséquence décidé d’annuler également son projet de tournée de paix.
« Je suis déçu », a-t-il déclaré à l’AFP.
Les deux candidats auraient visité Mamou dans le centre du pays, Kissidougou et Siguiri, plus à l’est, où des partisans rivaux se sont affrontés ce week-end. Au moins deux personnes sont mortes dans des affrontements et des dizaines ont été blessées.
Des groupes de défense des droits humains ont exprimé leurs préoccupations au sujet de la brutalité policière dans la répression de manifestations électorales, ainsi que les tensions ethniques qui ont éclaté depuis que les deux candidats ont été choisis parmi les deux majorités ethniques.
Diallo, le favori selon les sondages, a remporté 43 pour cent des voix au premier tour, est peul, tandis que Condé, qui a remporté 18 pour cent, est un Malinké.
La radio et la télévision d’état ont déclaré que la visite a été initiée par Sékouba Konaté pour « Rapprocher les candidats et leurs démontrer à leurs partisans qu’ils devront travailler et à vivre ensemble. »
Condé affirme qu’il restait disponible pour effectuer la tournée avant le vote du second tour le 7 novembre, une date annoncée dans un décret par Sékouba Konaté sur la télévision d’État mercredi soir.
L’élection aura lieu plus de quatre mois après un premier tour paisible le 27juin, visant à mettre fin à plus d’un demi-siècle de régime militaire et de despotisme dans la pauvre nation d’Afrique de l’Ouest , mais très riches en bauxite. On estime que la Guinée-Conakry possède les deux tiers de la réserve mondiale de bauxite.
Le second tour de scrutin, qui devait avoir lieu le 24 octobre, a été reporté alors que les parties rivales se sont mutuellement accusées d’incitation à la violence et de perturber l’organisation du vote.
Un peu d’histoire …
Le 22 décembre 2008, Lansana Conté décède des suites d’une longue maladie (leucémie et diabète aigu) à l’âge de 74 ans. Au cours de la nuit suivante, les proches du régime s’affairent pour organiser l’intérim suivant les procédures prévues par la Constitution mais le 23 décembre 2008 au matin, suite à l’annonce du décès de Lansana Conté, des dignitaires de l’armée annoncent unilatéralement la dissolution du gouvernement ainsi que la suspension de la Constitution, dans un discours à teneur résolument sociale.
Ces événements laissent planer le doute sur l’effectivité d’un nouveau coup d’État. Le même jour, le capitaine Moussa Dadis Camara est porté à la tête du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) et devient le troisième président de la République de Guinée le lendemain.
La Guinée est donc sous régime militaire depuis un coup d’État en décembre 2008.
Le pays s’enfonçait dans une crise en septembre 2009. Des manifestations pacifiques pour demander à Dadis Camara de respecter sa parole et de ne pas se présenter aux présidentielles.
La foule de plusieurs dizaines de milliers de personnes est canalisée par l’armée vers le stade du 28 septembre de Conakry, puis à la surprise générale les militaires ouvrent le feu sur les manifestants ainsi bloqués dans le stade sans possibilité de fuite.
Ce massacre délibéré et manifestement planifié fait plusieurs centaines de morts. De plus, les militaires violent et enlèvent plusieurs dizaines de jeunes femmes, dont certaines seront libérées quelques jours plus tard après avoir subi des viols à répétition, tandis que d’autres disparaissent sans laisser de trace.
Le Général Sékouba Konaté a été tête de la transition à l’élection d’un président civil depuis janvier, après que Moussa Dadis Camara ait été blessé et hospitalisé au Maroc dans une tentative d’assassinat.
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