Problématiques des années dans l’historiographie africaines: cas de la falsification de la date la fondation de la ville de Mbanza Kongo, capitale de l’ancien et puissant royaume de Kongo Dia Ntotila.
La question des dates ou des temps dans l’historiographie africaine est récurrente et constitue un véritable obstacle pour atteindre la vérité des faits du passé africain. Cette question résulte d’une mauvaise interprétation des dates ou de la falsification volontaire humaine des faits pour un certain profit. Or, il est important de clarifier cette question pour l’utilité de notre passé africain, qui est notre miroir pour l’avenir. Tel est le cas de falsification de la date de la fondation de Mbanza-Kongo , ancienne capitale du Royaume de KONGO DIA NTOTILA, dont les résultats des laboratoires archéologiques dans le processus de la sa classification comme patrimoine mondial, ont donné les années 1425 et 1439 et acceptées par la coordination de ce projet conduit par madame Sonia Domingo, présente un caractère dictatorial et rejette en bloc toutes sortes de faits viables sur cette histoire.
Ce qui est totalement erroné par rapport aux sources traditionnelles Kongo et aux sources écrites historiques viables des chercheurs. Selon ces sources, la ville de Mbanza-Kongo a été fondée par NIMI A LUKENI en 690 de notre ère, au septième siècle. Cela est vrai par rapport à la réalité de ce moment-là lors de l’arrivée des Portugais en 1482, qui trouvèrent un royaume bien organisé, en apogée. Ce haut niveau d’organisation démontre clairement que c´est un ancien royaume, dont le développement a commencé il y´a longtemps.
« L’ignorance du passé ne se borne pas à compromettre à la connaissance du présent : elle compromet au présent, l´action même » affirme une leçon d’Histoire.
À travers cette pensée, nous comprenons que lorsque nous falsifions l’histoire, nous falsifions aussi le présent, parce que sans le passé, il n’y a pas de présent, ni futur.
L’historiographie africaine comme d’autres historiographies dans le monde, étant une science qui étudie l’évolution de l’histoire africaine ou en d´autres termes, l’histoire de l’histoire africaine, fait face dans son champ d´action à de nombreux défis. Ces défis sont les questions de l’espace, les dates, les faits et les événements du passé africain, qui sont inconnus parfois inexacts ou falsifiés par la volonté de l’homme, par ignorance ou pour une supériorité politique, économique ou sociale.
C´est dans cette dernière perspective falsification des dates ou des temps, par ignorance, que nous sommes dans le cas de l’histoire de Mbanza-Kongo. En effet, l’objectif qui m’a poussé à écrire cet article contre la falsification de l’histoire de Mbanza-Kongo, ancienne et majestueuse capitale du puissant royaume de Kongo Dia Ntotila, et contre aussi sa classification comme patrimoine falsifié de l´humanité, c´est de dénoncer la destruction de notre passé africain par les détracteurs de l’histoire Africaine authentique.
Après avoir lu un article dans le blogue de ‘’Portal de Uíge e da Cultura Kongo’’ en date du 5 septembre sur des fouilles archéologiques qui sont faites à Mbanza-Kongo pour en faire un patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Une partie de cet article ce lit comme suit : « des échantillons envoyés aux laboratoires archéologiques en dehors du pays ont confirmé que Mbanza-Kongo est la plus ancienne ville de l’Angola. Les laboratoires ont permis de confirmer la date enregistrée dans les archives de la ville, où la fondation de Mbanza-Kongo est considérée comme ayant eu lieu en 1439, avant l’arrivée des Portugais à l´embouchure du fleuve Zaïre. »
La coordinatrice (historienne et archéologue) de ce projet a répondu par un courriel que l’intervalle était une erreur des journalistes et que les laboratoires proposaient un intervalle de 1425-1439.
Malgré que je lui ai donné des preuves tangibles historiques qui prouvent que même l´intervalle de 1425-1439 est erroné, elle a rejeté tout en bloc sans prendre le temps d’analyser les faits scientifiques, alors que, ce qui fait la personnalité d’un historien est la critique. La période de 1425-1439 est fausse, sans fondement historique authentique avec les faits précédemment établis par les traditions Kongo, Ambundu, par les premiers missionnaires qui sont arrivés là-bas, les grands historiens et des chercheurs.
La fondation de Mbanza-Kongo est antérieure à 1425 et 1439.
Pour commencer mon argumentation historique, disons que la ville de Mbanza-Kongo est une ville dont la fondation remonte aux premières conquêtes du prince Nimi A Lukeni, du petit royaume de Bungu ou Vungu1 (royaume situé sur la rive droite du fleuve Kongo dans l’actuel sud du Congo Brazzaville).
La date de ces conquêtes est l’objet de nombreuses discussions entre les historiens. Cependant, à la lumière des traditions orales Kongo Ambundu, des sources écrites anciennes, c’est environ à l’an 690 de notre ère, que Nimi A Lukeni avec ses compagnons, après avoir conquis les terres des clans Kongo (stricto sensu) qui sont Nzinga, Nsaku, Mpanzu et Ambundus, que Lukeni va fonder une capitale au nom de Mongo Wa Kaila (Montagne de la répartition)2.
Cette première capitale a été fondée au-dessus d’une montagne, et selon la tradition, Lukeni aurait donné une partie de terre de cette capitale à ses compagnons. À partir de là, Nimi A Lukeni sera le premier Mani Kongo (Roi du Kongo), en l’an 690.
L’année de fondation de 690 est reprise et confirmée par l’historienne anglaise Anne Hilton dans son ouvrage: The Kingdom of Kongo, Clarendon Press 1985, pages 86-132, et les historiens allemands Peter Truhart et Kg Saur Munich dans leur ouvrage collectif: Regents of Nations, art. Costal States / Küstenstraten p.23O-24, 1984-1988. Aussi par le chercheur en traditions Kongo Ne Mansueki sur son blogue : www.ne-kongo.net.
Après avoir été Mongo wa Kaila, la capitale du royaume Kongo (différent du Royaume du Kongo Dia Ntotila) sera appelée Nkumbi A Ngudi (Nombril de la mère), toujours sous la dynastie de Lukeni et de ses successeurs proches jusqu’en l’an 800 de notre ère (IX siècle). Et puis, il y aura de nouveau Mani Kongo (rois) jusqu’en 1100. Et à partir du XIIIe siècle (1200) jusqu’en 13503, les lointains successeurs de Lukeni , élargiront le royaume Kongo spatialement, en le rendant de plus en plus vaste avec une haute organisation en provinces, les fonctions des gouverneurs et de nombreux conseils modelant une nouvelle structure dans la continuité de l’ancienne.
Cette nouvelle structure sera le Royaume de Kongo Dia Ntotila, en d’autres termes, le royaume du Kongo unifié. La confédération de la nation Kongo, la culture, et le royaume sont déjà à leur apogée. Tout ceci fondé par les successeurs de Lukeni.
Nous devons comprendre que Nimi ne fonda que le royaume Kongo: une structure gérée au niveau des clans, des groupes ethniques, autonomes sans liens politiques entre eux. Toutes ces communautés ethniques autonomes reconnurent seulement en Nimi A Lukeni, comme chef suprême, sans avoir la véritable puissance d’unification de tous les groupes humains de son territoire.
Les années 1425 et 1439, que les laboratoires proposent ne convient pas historiquement quand on sait qu’en 1439, c’est le Mani Kongo Nkuwu Mutinu (fils propre de Lukeni), qui est au pouvoir. Avec lui, nous sommes au quatorzième roi de Kongo. Or la durée d’un roi en Afrique pré-colonial est environ 30 ans. Alors impossible qu’en 57 ans (1425-1482) qu’il y ait quinze ou cinq rois. Et après le Mani Kongo Nkuwu Mutinu, c’est le quinzième roi, Nzinga Kuwu, Joao I (premier roi connu par les Portugais dans l’histoire du Kongo) qui règnera. C’est ce qu’Anne Hilton, Truhart, Munich, et Ne Mansueki nous disent dans leurs recherches. D’autres sources parlent du cinquième roi, comme le père Van Wing, qui a longtemps séjourné dans l’une des anciennes provinces du Kongo dans son ouvrage Études Bakongo volume 1.
Avant que les Portugais arrivent, le royaume de Kongo Dia Ntotila était depuis déjà longtemps, un État très bien organisé politiquement, économiquement. L’auteur congolais Gauhy Nzingou (République du Congo) du livre Récits d’Histoire du Congo Brazza (1482-1960) affirme que: »En 1490, Mbanza-Kongo, la capitale était une ville florissante’’. Cela dévoile que la ville avait déjà vécu une ère de développement.
En 1439, Mbanza-Kongo est déjà au sommet de sa fondation, par conséquent, impossible qu’il soit créé cette année, c’est impropre, ceci est une grave erreur historique de laboratoires archéologiques, qui ont travaillé sur Mbanza-Kongo, et nous sommes certain qu’ils ont manipulé ces résultats qui sont sans fondements scientifiques.
En somme, nous comprenons qu’en vertu des faits mentionnés qui démontrent scientifiquement que les années 1425 et 1439 proposées par les laboratoires et confirmées par un consensus abusif sont fabriquées. Dans ce sens, il faut les remplacer par l’année 690 ou des environs de cette année, ou alors analyser plusieurs autres sources écrites et traditionnelles pour authentifier notre histoire africaine.
1: Randles dans son ouvrage intitulé: L’ancien royaume de Kongo de ses origines à la fin du XIXe siècle, Paris, édition Mouton 1969.
2: Randles , O.P.C. cité par l’historien congolais(Brazzaville) JOSEPH ZIDI dans son cours HISTOIRE D’AFRIQUE ET DU CONGO, première année, Université Marien Ngouabi.
3: Anne Hilton, Truhart, Saur et Ne Mansueki,dans les mêmes sources précédemment citées. Donc, c’est à cette période du Royaume de Kongo Dia Ntotila , que la capitale sera débaptisée en Mbanza-Kongo qui signifie: Siege, grand centre,Carrefour des peuples Kongo.
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