Le Canada, un pays de 35.3 millions d’habitants en 2021 est vraisemblablement un eldorado pour le migrant. Le Canada change de visage. Avec une immigration soutenue, la proportion de citoyens canadiens de naissance a diminué pour s’établir à 74,4 % en 2021 comparativement a 83,1 % en 1991. Quant est-il à l’écran? Les Canadiens s’y retrouvent-ils?
Au Canada, d’un océan à l’autre, du Pacifique à l’Atlantique, les écrans de télé reflètent encore les stéréotypes ancrés dans l’imaginaire de la majorité blanche aux commandes, sans partage, de l’offre télévisuelle canadienne.
Selon une étude menée par le Bureau de l’Écran des Noirs (BÉN (Black Screen Office en anglais)) : Les Canadien·ne·s Noir·e·s ne se sentent pas représenté·e·s sur les écrans canadiens ni par la représentation sur les écrans américains qui s’aligne à la couleur de la peau mais s’éloigne du contexte culturel.
Dans les stéréotypes que leur lance à la figure leurs écrans, ils / elles notent :
- Les Noir·e·s ne sont que des gangsters ou des trafiquants de drogue
- La femme noire en colère
- La femme noire hyper sexualisée
- Les familles brisées
On ne peut aborder ce manège télévisuel sans mettre quelques lumières sur le tout-puissant Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).
Fondé en 1968, le but initial du CRTC était de réglementer le contenu des télécommunications au Canada, de protéger la culture et de sauvegarder l’identité nationale. Selon son site web, une des deux approches du CRTC relativement à la diversité culturelle est de s’assurer que la nature diversifiée du Canada se reflète dans leur système de radiodiffusion par une programmation produite par et pour des groupes particuliers.
Concrètement, quatre entités milliardaires se partagent la Responsabilité de la Représentativité canadienne. Le prix inabordable des licences explique, entres autres, cette dérive induite. Corus contrôlé par la famille Shaw, Quebecor contrôlé par Pierre Karl Péladeau (PKP), BCE (Bell) Société cotée en bourse sans actionnaire majoritaire, Rogers contrôlé par la famille du même nom. A ceci, on doit ajouter l’État canadien qui fait ici figure du 5e joueur.
Du côté francophone, principalement dans la province de Québec gouverné par la Coalition Avenir Québec (CAQ), un gouvernement d’extrême droite idéologique (politique de baisse de l’immigration, en faveur du profilage raciale par les services policiers, négation de racisme systémique reconnu par toutes les autres provinces ainsi que par le gouvernement fédéral) tout se passe par M. Quebecor, Pierre Karl Péladeau qui y domine haut-la-main autant le visuel que l’écrit suivi de loin de l’état-guide avec sa chaine Radio-Canada. PKP, un homme politisé, ancien chef du Parti Québécois qui s’excusa d’avoir proclamé dans une Université québécoise que les migrants sont un problème devant son projet d’indépendance du Québec, conserve jalousement son pré carré.
Second derrière Quebecor, Radio-Canada, société de la Couronne, qui se targue d’être représentatif même si, semaines après semaines, dans l’assistance de son émission phare Tout Le Monde En Parle on se croirait dans un champ nu à la suite d’une tempête de neige bien canadienne. Ce n’est peut-être pas une surprise quand on s’aperçoit que le versant francophone de la Couronne semble être plus réfractaire au changement que du côté anglophone. En 2020 7.4% de l’effectif de Radio-Canada est issue de minorités visibles tandis qu’à CBC, coté anglophone de la chose, ont atteint plus du double des effectifs avec 16.5%.
Dernièrement Rogers, Bell, en compagnie de l’ancien député péquiste de Saint-Jérôme PKP, ont choisi contre toute logique populaire de barrer la route à Natyf TV, une télévision au contenu produit par et pour les personnes racisées. Le projet de la télé racisée lancé en 2018 est d’être obligatoirement accessible aux abonnés de tous les câblodistributeurs du Québec, un peu comme la chaine TVA de Quebecor, qui détient aussi Videotron, le câblodistributeur… Raisons évoquées des contestataires au ventre plein? Selon une vidéo lancée sur Youtube par Natyf TV, le cartel médiatique canadien avance que les programmes de financements justifient l’inexistence de médias afro-canadiens ou encore que les services de télé actuels sont amplement suffisants pour les personnes racisées québécoises.
Une diversité pour et par les Blancs semble être l’arrangement.
Dans la même étude du BÉN, un commentaire en résume d’autres : « Nous stéréotypons tout le monde autour de nous chaque jour. Ce qui me dérange à la télévision, c’est quand des stéréotypes sont présentés mais ne sont pas contextualisé. Par exemple, un jeune Afro-descendant vivant à Montréal-Nord. Si c’est réaliste, il va commettre des erreurs dans sa vie. Mais quand nous voyons le personnage, nous ne voyons pas le contexte dans lequel il fait ce qu’il fait. Généralement les scénaristes qui écrivent ces histoires ne connaissent pas le contexte car ils font partie de la majorité blanche. »
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