Dans le monde arabe, la Tunisie, flanquée de l’Algérie et de la Libye, est la figure de proue d’un Islam ouvert. C’est encore vrai de nos jours avec l’ouverture à ce que l’on dit être la première radio LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels , transgenres) du moyen orient.
Élaborée par le groupe Shams, une organisation légale tunisienne qui défend les droits des homosexuels, avec son slogan «dignité, égalité», la webradio Shams Rad s’en prend ouvertement à l’hostilité enracinée profondément dans l’État nord-africain, où l’homosexualité est officiellement illégale.
Commentant les diffusions quotidiennes de Shams Rad, le directeur de la webradio Bouhdid Belhadi annonce à l’AFP qu’il compte « sensibiliser la population tunisienne, citoyens ordinaires et décideurs politiques, sur l’homophobie de la société et à défendre les libertés individuelles. »
La station est censée diffuser tous les jours du petit-déjeuner à minuit et commentera sur des questions politiques, économiques et sociales, en mettant l’accent sur la communauté LGBT. Une des émissions proposées par Shams Rad révélera le quotidien d’une personne LGBT en Tunisie.
Alors que les activistes ont accueilli favorablement le lancement de la station de radio qui testera la tolérance des Tunisiens, elle a suscité d’inévitables et d’attendus réactions hostiles sur les médias en ligne, imprimés et les réseaux sociaux.
Des prédictions funestes pour le futur de Shams Rad font surface. Saïda, une musulmane d’une trentaine d’années de Montréal pense: « Ça brule la semaine prochaine, ils n’attendront pas un mois! » Ce dur pronostic qui trouve écho chez les présentateurs de la chaine radio tunisienne Mosaïque FM qui ont lancé un appel pour la fermeture de cette station, se joint aux plus de 4.000 autres insultes et menaces en ligne, y compris des menaces de mort que rapporte avoir reçu le directeur de la webradio Bouhdid Belhadi.
En 2011, le printemps arabe a permis aux militants des droits des homosexuels de s’exposer plus ouvertement dans cette société nord-africaine musulmane conservatrice. Cependant, être homosexuel est encore très mal perçu. Aujourd’hui, le seul pays africain accueillant une marche de la fierté gaie est l’Afrique du Sud : un défilé a en effet lieu chaque année à Johannesburg depuis 1990 et un autre dans la ville du Cap depuis 2001.
En Tunisie, l’article 230 du Code pénal datant de 1913 prévoit une peine allant jusqu’à trois ans de réclusion pour sodomie entre adultes consentants. En 2014, une proposition de plusieurs organisations de la société civile visant à annuler l’article 230 dans le cadre de la réforme du Code pénal est refusée par le ministère de la Justice. L’association Shams lutte pour la dépénalisation de l’homosexualité en Tunisie.
La radio tunisienne Shams Rad promet d’être ouverte à tous et prévoit traiter de sujets qui « toucheront toutes personnes vivant sur le sol tunisien » précise M. Belhadi.
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