Parmi les 100.000 personnes qui cherchent un refuge de la guerre et des atrocités au camp de Bentiu de l’ONU, les enfants sont durement touchés par la maladie, la malnutrition et l’épuisement.
Les parents qui siègent nerveusement au lit de leurs enfants affaiblis évitent de parler de la maladie et encore moins du défilé des petits sacs mortuaires. Ils sont témoin des 4×4 chargés de cadavres qui partent tous les jours de l’hôpital géré par Médecins Sans Frontières (MSF) au camp Bentiu, capitale de l’État de l’Unité au Soudan du Sud, où plus de 100.000 personnes qui cherchent un refuge.
Malgré qu’il y ait de nombreux champs pétrolifères autour de Bentiu exploités par des compagnies internationales d’extraction et d’exploitation de pétrole, les enfants ne cessent de tomber malade, à maintes et maintes reprises, les uns après les autres. MSF a traité près de 38.000 enfants contre le paludisme à Bentiu durant les cinq derniers mois.
Une pelle industrielle à l’extérieur de l’enceinte de l’ONU dégage un marais en bordure de la route pour enterrer des dizaines de corps chaque semaine. Des centaines de personnes continuent d’arriver quotidiennement, malgré un accord de paix qui a échoué en août dernier pour faire taire les armes.
Ce conflit perdure depuis décembre 2013 entre les partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar. Pendant le conflit, des massacres ethniques sont commis par les deux camps. Le 23 juin 2015, l’Unicef déclare que des enfants ont été victimes d’émasculations, viols et d’égorgements, d’autres ont été brûlés vifs : « Des survivants ont raconté qu’on a laissé saigner à mort des garçons émasculés… que des filles d’à peine huit ans ont été violées collectivement puis assassinées… Des enfants ont été attachés ensemble avant que leurs agresseurs ne leur tranchent la gorge… d’autres ont été jetés dans des bâtiments en feu. ». Au moins 13 000 enfants-soldats ont également été enrôlés de force par les belligérants. « La violence contre les civils est inhabituelle, extrême, même pour le Soudan » estime Marc Van der Mullen, responsable de Médecins sans frontières pour le Soudan du Sud.
Les gens veulent retourner au village mais la situation est encore périlleuse. Alors que le crépuscule tombe sur le camp, les nouveaux arrivants, dont la plupart n’ont pas mangé pendant des jours de marche, érigent des tentes avec des bâtons et des tissus se préparant à faire la queue toute la nuit pour l’inscription le jour suivant au camp. Ils auront droit à une ration insuffisante de céréales après avoir fait de nouvelle fois la ligne.
La faim, l’épuisement et le manque d’eau potable dans un marécage dense, où les moustiques vecteurs du paludisme se multiplient, a créé «une tempête sanitaire», avance Vanessa Cramond, coordinatrice médical de MSF à Bentiu, ajoutant que les décès ont ralenti au cours de la dernière quinzaine, mais la situation des enfants est encore précaire. Une morgue a été mise en place aux portes du camps. Dans les pires journées, huit à neuf petits corps y sont enterrés.
Le Soudan du Sud est le pays qui reçoit le plus d’aide humanitaire de l’ONU juste après la Syrie et le Yémen. En contrepartie, il domine la sinistre liste en terme malnutrition infantile. Chaque année, la Faim tue plus que le sida, le paludisme et la tuberculose réunis.
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