76 personnes ont été tuées dans la catastrophe ferroviaire de lundi à Yanga, au Congo-Brazzaville, selon le dernier bilan des autorités de Pointe-Noire. « Ce matin, le comptage des morts s’élevait à 76. Les corps sont tous à la morgue de Pointe-Noire,» ajoute un fonctionnaire.
Mardi le gouvernement du Congo-Brazzaville, a publié un bilan provisoire de 48 morts et plus de 400 blessés dans l’accident, et a dit que la recherche des corps se poursuivra. Raoul Essou, le chef adjoint de la compagnie du Chemin de fer Congo-océan (CFCO) a souligné que le nombre de morts sera définitif une fois toutes les voitures du train fouillées adéquatement.
Mercredi, la radio nationale Radio Congo, s’appuyant sur des témoignages d’équipes ayant participé « à la recherche de corps enfouis dans les herbes et le sable », estimait que certains cadavres, broyés par le choc, ne pourraient sans doute jamais être identifiés.
Le train a déraillé à près de 60 km de la ville méridionale de Pointe-Noire, à Yanga. Plusieurs témoins ont affirmé qu’il semblait roulé à trop grande vitesse.
Le directeur général du CFCO Joseph Sauveur Bez El a reconnu que le nombre élevé de décès est dû « au surchargement du train. Il y avait trop de passagers. » Le CFCO a également affirmé que l’accident est dû à une erreur du pilote. “Le train n’avait aucun problème mécanique et la voie était en bon état », dit-il.
Le chemin de fer Congo-Océan (CFCO) est une ligne ferroviaire longue de 510 km environ, située dans la République du Congo qui relie le port de Pointe-Noire sur l’océan Atlantique à Brazzaville sur le fleuve Congo. Il fut construit sous l’administration coloniale française entre 1921 et 1934 au prix de nombreuses pertes humaines.
La construction de cette ligne fut l’œuvre de Société de Construction des Batignolles. Entreprise en 1921, elle fut un « effroyable consommateur de vies humaines », selon André Gide dans son livre Voyage au Congo.
« Il faut relire Albert Londres ou André Gide. Dans Terre d’ébène et Retour au Congo, ils rappellent que la construction de la ligne de chemin de fer Congo-Océan a occasionné la mort de 17 000 personnes en raison du travail forcé. En 1930, la France, comme l’Espagne et le Portugal a refusé de ratifier la convention internationale contre le travail forcé. Et ce n’est qu’en 1946 que le travail forcé sera interdit dans les colonies. La colonisation a reposé sur un état d’exception permanent à l’encontre des indigènes. »
Le CFCO est actuellement une entreprise d’État dont la privatisation a été projetée dans le cadre des engagements pris par le gouvernement congolais envers la banque mondiale et le fonds monétaire international. Parmi les candidats figuraient plusieurs consortiums dont Congo-Rail (constitué par les groupes Bolloré Investissement, Maersk et Société nationale des chemins de fer français) et le consortium sud-africain Sheltam Mvela.
Le trafic de voyageurs a été interrompu en avril 2002 par suite d’attaques liées à la guerre civile. Il a repris en janvier 2004, mais le CFCO a subi d’autres attaques depuis.
En septembre 1991, une collision sur la même ligne a fait plus de 100 morts et 300 blessés dans la pire catastrophe ferroviaire que le pays a connu.
Un deuil national de trois jours a été décrété à partir de samedi et jusqu’à lundi, date à laquelle auront lieu des obsèques nationales à Pointe Noire.
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