Rose-Marie Lindor est la mère d’une jeune femme haïtienne, violée et tuée en République dominicaine au mois de juillet 2011. Elle craint maintenant que les suspects puissent être libérés très prochainement.
Mercredi matin, Mme Lindor a pris la parole à Miami pour demander de l’aide. Calmement, la mère de Rooldine Lindor raconte l’histoire tragique du meurtre de son unique fille, âgée de 20 ans qui fut attachée avec une corde, violée et poignardée en République dominicaine. Son corps a été retrouvé le mercredi 13 juillet vers 14 h dans une maison abandonnée de Hipodromo, une zone orientale de le ville de Santo Domingo. Son corps mutilé portait des marques de coups de couteau.
« Elle était ma meilleure amie », a déclaré sereinement Mme Lindor. « Elle aimait sa famille et elle aimait apprendre. »
L’assassinat de Rooldine est devenu un cri de ralliement pour la communauté haïtienne à Santo Domingo, qui utilise Facebook et YouTube pour attirer l’attention sur le meurtre odieux. Cet assassinat souligne les relations tendues entre Dominicains et Haïtiens en République dominicaine, où l’animosité remonte à plusieurs siècles. Les Haïtiens craignent que la tendance antihaïtienne puisse prendre le dessus sur la justice.
Les yeux humides, la femme Mme Lindor a déclaré en créole qu’elle parlait avec sa fille le matin de l’assassinat. Elle cherchait un plus grand espace pour accueillir ses trois jeunes frères qui allaient se joindre à elle en août afin de fréquenter une école en République dominicaine. Rooldine était à sa deuxième année des études en sciences informatiques à l’Université de Technologie de Santiago.
Après le tragique séisme du 12 janvier, Rose-Marie Lindor a décidé d’envoyer ses fils vers la République dominicaine afin de bénéficier d’un environnement d’apprentissage stable.Mme Lindor affirme que sa fille est allée à mettre 500 $ d’acompte sur un bail lorsque Eddy Starling Mendoza Ramos, l’homme qui prétendait être propriétaire de l’appartement, l’enleva. Le suspect, dont le père était gardien de l’appartement en question, a avoué qu’il avait tué Rooldine dans le but de la voler. Ceci est confirmé par l’avocate, Barbara Suárez depuis Saint-Domingue.
« Le lendemain je me suis rendue en République dominicaine et ils m’ont emmené à l’endroit où ils l’ont trouvé. Ils ont attaché son cou avec une corde, ils l’ont violée et ils l’ont poignardée au ventre. »
Les funérailles de la jeune femme, originaire de Petit-Goâve, ont été prises en charge par le bureau de l’épouse du chef de l’État Haitien, Sophia Martelly, ou plusieurs membres du gouvernement haïtien s’y trouvaient. À la sortie du cercueil, une manifestation improvisée par une partie de l’assistance a dénoncé le traitement discriminatoire dont sont objet les Haitiens en République dominicaine.
Ban Mwen Dwam International, une organisation haïtienne civique basée dans le Maryland, qui cherche à réunir tous les Haïtiens issus de la diaspora sous une organisation inclusive dans le but de promouvoir, défendre leurs droits humains, a lancé une campagne sur les médias sociaux afin de passer le mot sur la mort de l’étudiante. Le groupe a également contribué à faire venir Mme Lindor aux États-Unis afin de recevoir des conseils juridiques et rencontrer des membres de la diaspora haïtienne basée à Miami.
« Nous ne prétendons pas que les Dominicains attaquent indistinctement notre peuple, mais nous voulons qu’ils sachent que nous avons une diaspora, et que nous sommes attentifs », a déclaré Riddler Dorcily, président de Ban Mwen Dwam.
Sur Facebook, YouTube et Twitter, les membres de la communauté haïtienne exigent la Justice pour Rooldine. Une page Facebook compte déjà près de 5 000 sympathisants.
Cette affaire a reçu beaucoup d’attention parce que cela représente un assassinat d’une femme de plus dans un pays où environ 130 femmes sont tuées chaque mois. La République dominicaine (Dominicanie, pour certains Haitiens) occupe environ les deux tiers de l’île d’Hispaniola, en mer des Caraïbes, Haïti occupant le tiers ouest de l’île.
Mme Suárez ajoute. « Je ne peux pas affirmer qu’elle a été tuée parce qu’elle était une étrangère. Mais je dois être honnête: les autorités dominicaines ont tout fait lors de l’enquête pour effectuer des arrestations. D’autres cas n’ont pas obtenu ce genre d’attention. »
Une audience aura lieu le 17 octobre 2011 afin de déterminer s’il y a lieu de débuter un procès ou encore de détenir les suspects pour les trois mois de l’enquête, spécifie-t-elle dit. Un porte-parole du bureau du procureur de la République dominicaine a déclaré que l’affaire progresse rapidement.
Marleine Bastien, directrice de Haitian Women of Miami, a déclaré que ce n’est pas la première fois qu’un Haïtien soit brutalisé ou assassiné en République dominicaine. Seulement deux mois après la mort Rooldine, le corps d’une fille haïtienne de 9 ans a été trouvé abandonné dans la même zone, selon la presse. Plusieurs Haïtiens ont été lynchés pendant la dernière décennie dans des actes de représailles lorsque les Haïtiens étaient soupçonnés de commettre des crimes.
« Cette fois, nous voulons des réponses », a déclaré Mme Bastien. « Cette jeune femme essayait d’améliorer sa vie, et elle a trouvé avec la mort. »
Un forum communautaire pour discuter des relations entre Haïtiens et Dominicains est prévu pour samedi dans le nord de Miami-Dade. Une porte-parole du consulat de la République dominicaine à Miami a déclaré que le consul général Manuel Felipe Almanzar n’avait pas été invité.
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