L’association des amis du général Dumas, organisatrice des commémorations du 10 mai à Paris et Villers-Cotterêts (journée nationale des mémoires de la traite et de l’esclavage) sous le haut patronage du Président de la République, et présidée par l’écrivain Claude Ribbe, dépose plainte contre X pour apologie de réduction en esclavage (article 24 de la loi du 29 juillet 1881).
L’association des amis du général Dumas, déclarée à la préfecture de police de Paris (récépissé du 28 juin 2006) a pour objet de « faire connaître la vie du général Thomas-Alexandre Davy de La Pailleterie, dit Alexandre Dumas (1762-1806), figure emblématique issue de l’esclavage, général républicain, d’origine africaine par sa mère, né esclave à Saint-Domingue (république d’Haïti), mort libre à Villers-Cotterêts (Aisne) ; honorer et défendre sa mémoire, au regard notamment de ses origines africaines et de la condition d’esclavage qui fut la sienne dans sa jeunesse ; honorer et défendre la mémoire de sa famille : ascendants, descendants ou collatéraux » (journal officiel de la République française du 5 août 2006, p 3812)
Depuis 2009, l’association des amis du général Dumas, qui est à l’origine de l’installation du monument Fers, place du général-Catroux à Paris, 17e arrondissement, organise, tous les 10 mai – à l’occasion de la journée nationale des mémoires des traites, de l’esclavage et de leurs abolitions- une commémoration populaire et consensuelle de l’abolition de l’esclavage à Paris, place du général-Catroux et à Villers-Cotterêts (depuis 2018 dans la cour du château), en présence de nombreuses personnalités.
Depuis 2018, la commémoration organisée par l’association des amis du général Dumas est placée sous le haut patronage du Président de la République.
Le samedi 1er juin, lors de la diffusion de l’émission (préalablement enregistrée) « On n’est pas couchés », animée par Monsieur Laurent Ruquier, sur la chaîne de service public France 2, Madame Christine Angot a déclaré :« Les Juifs, pendant la guerre, ça a bien été de les exterminer, c’est-à-dire de les tuer. Et ça introduit par exemple une différence fondamentale, alors que l’on veut confondre, avec par exemple l’esclavage des noirs, envoyés aux Etats-Unis, ou ailleurs… C’était exactement le contraire : l’idée c’était au contraire qu’ils soient en pleine forme, en bonne santé pour pouvoir les vendre et qu’ils soient commercialisables. Donc non, ce n’est pas vrai que les traumatismes sont les mêmes, que les souffrances infligées aux peuples sont les mêmes »
L’animateur de l’émission, M. Ruquier, n’est pas intervenu pour modérer sa chroniqueuse. Bien au contraire, il a maintenu la séquence au visionnage pour qu’elle soit diffusée et il a ultérieurement déclaré que les réactions indignées provoquées par les propos de Madame Angot constituaient une « polémique inutile ».
Il est par ailleurs constatable que M. Franz Giesbert, qui était aux côtés de Madame Angot pendant l’émission, approuve manifestement ce qu’elle dit, non seulement en hochant la tête, mais en lui suggérant des mots : « pour qu’ils soient en bonne santé, bien sûr… travailler massivement, oui… » L’incident a très profondément choqué l’opinion et a donné lieu à plus de 900 signalements au conseil supérieur de l’audiovisuel.
Ces propos, en l’occurrence appliqués aux victimes de l’esclavage à un moment et à un lieu donnés, ne concernent pas seulement les Africains déportés en Amérique. Ils sont manifestement et logiquement transposables à toutes les victimes de l’esclavage, quelle que soit leur origine ou la couleur de leur peau, et en particulier aux victimes de l’esclavage contemporain, puisqu’ils tendent à démontrer que, de manière générale, l’esclave est en quelque sorte préservé, voire bien traité par l’esclavagiste et que, dès lors, il ne subit pas de préjudice, où en tout cas un préjudice mineur.
Il est d’ailleurs assez courant que le parallèle soit fait, notamment à l’occasion des journées mémorielles, tant par la presse que par les responsables politiques, entre l’esclavage du passé et l’esclavage contemporain.
De ce fait, les propos tenus par Madame Angot et diffusés par la chaîne France 2 sont de nature à atténuer la culpabilité de tout auteur du crime de réduction en esclavage et ils sont par conséquent constitutifs du délit d’apologie du crime de réduction en esclavage visé et réprimé par l’article 24 de la loi du 29 juillet 1881.
C’est la raison pour laquelle, Claude Ribbe, en sa qualité de président de l’association des amis du général Dumas, a déposé plainte le 5 juin 2019 contre X du chef d’apologie du crime de réduction en esclavage entre les mains du Procureur de la République de Paris.
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