Le 13 juillet 2018, s’inaugurait à Montréal, capitale mondiale du vivre ensemble comme aimait l’annoncer fièrement l’ancien maire de Montréal Denis Coderre, le tout premier Pikliz International Comedy Festival (PICF), un spectacle dédié au stand-up comique black, haïtien plus spécifiquement.
Après l’irrévérence, l’indifférence de spectacle comme SLAV de Robert Lepage envers les communautés noires, une situation qui se perpétue dans l’offre culturelle des bonzes bornés de la province québécoise, complètement détaché du parcours, du cheminement ou même de l’existence des Afro-néo-québécois de la Belle Province, le PICF symbolise, tout comme le Gala Dynastie d’ailleurs, une obligation de la communauté noire à se prendre en main et offrir à ses membres un quelque chose qui les vante au lieu de les diffamer, de les abaisser.
Le « Fait par Nous, pour Nous », encore marginal au Québec, devient un mouvement imposé qu’on ne peut plus éteindre ni étouffer. De multiples associations d’entrepreneurs Noirs voient le jour, des manifestations culturelles comme le Pikliz International Comedy Festival sont naturellement édifiées.
Pour cette première journée de trois consacrée au rire et à la comédie haïtienne, l’organisation du Pikliz International Comedy Festival proposait cinq stand-up, tous des femmes, dans une soirée ayant pour thème Haitian Queens of Comedy. Ce show féminin ou féministe complètement HI-LA-RANT, où l’on pouvait de plus se sustenter de nourriture haïtienne, allait se matérialiser rue Parc, dans un Théâtre Rialto plein à craquer de plus de 800 âmes, presqu’uniquement de noirs composés, avec une majorité écrasante de femmes. Disons qu’au moins 75 % de l’assistance l’était et ce chiffre est très conservateur.
Excellent départ. Sans aucun retard, 21 h, l’humoriste haïtienne Garihanna Jean-Louis qui vit de son art après avoir terminé l’école Nationale de l’humour, pimpante et bouffonne, assurait l’animation de la soirée d’humour. Après une introduction savoureuse, elle présenta la stand-up, Ms B (Bernadette) qui allait ouvrir les gorges de rires exaltés de la foule dont l’âge moyen se situait entre trente et quarante ans. L’humoriste américano-haïtienne allait survoler pendant 25 minutes, en anglais pointé de Créole bien senti, les sujets de l’apparence de la femme haïtienne, des cheveux au maquillage. Si votre curiosité est piquée, vous pourrez suivre cette humoriste avec son sens prononcé de l’autodérision sur YouTube au nom de MsBComedy.
Acclamée dès son entrée, Jessie Woo poursuivait dans la veine du stand-up américain submergé dans les moeurs haïtiennes. Originellement de Miami, puis de New York, l’humour de l’artiste des médias sociaux, comme elle se définit elle-même, met l’accent sur les relations amoureuses et les particularités de grandir dans un cocon haïtien. Encore une fois, c’était désopilant. Drôle, mais drôôôôôle! Au terme de sa prestation, Jessie Woo a tenu à inciter la foule haïtienne à visiter Haïti et d’embrasser leur héritage malgré tout ce qu’on peut en dire et en penser.
La prochaine humoriste, Liz Faublas, allait mettre l’émotion du Rialto à son paroxysme. Les murs du monument historique vibraient pendant près de trente minutes aux éclats de la foule qui se tordait de rire aux histoires folles, névrosées de cette Haïtienne née chez les Yankees. Liz Faublas exposait les modifications de son corps évoluant maintenant dans les eaux de la cinquantaine. Elle eut droit à la consécration pour une artiste, une ovation debout bien méritée à la fin de son monologue ultra comique et pour adultes avertis.
Pour clore cette soirée sans pareil, Cynthia Jean-Louis, la sœur l’animatrice, également médecin, allait s’emparer du micro avec un sujet d’actualité, la Coupe du Monde de la FIFA en Russie ou plus généralement le foot (le soccer). Sujet pas évident pour un public montréalais, et autant plus féminin, un public généralement peu familier avec ce sport. Le public, bon joueur, a tout de même succombé au charisme indéniable de l’artiste qui était en Haïti la veille.
Soirée parfaite pour cette première qui se terminait dans une joie complète vers 23 h 15. Le Pikliz International Comedy Festival qui se poursuit le 14 et 15 juillet 2018 est certainement une destination de choix pour ceux et celles qui ont envie de voir autre chose que les éternels mêmes visages avalisés par une structure discriminante endurcie.
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