Louis Farrakhan, le leader charismatique de 85 ans du mouvement de la Nation of Islam, s’est vu retirer son accès au plus important réseau social au monde, Facebook.
Louis Farrakhan, photographié souriant auprès de Barack Obama, nommé homme de l’année en 2005 par Black Entertainment Television (BET) et fréquenté par toutes sortes de vedettes américaines, au-delà de l’organisation politico-religieuse de la Nation of Islam, est un des plus fervents défenseurs des droits des Noirs aux États-Unis. Avec son langage imagé, dans la tradition de Malcolm X, Farrakhan irrite une tranche de l’establishment. D’ailleurs, l’Anti-Defamation League (ADL, « Ligue antidiffamation »), une ONG juive américaine a étiqueté Louis Farrakhan, le proéminent défenseur des Droits des Noirs, d’antisémite.
Avec la décision de bannir son profil et ses commentaires de Facebook, qui compte 2.3 milliards de comptes actifs soumis aux idéaux de son fondateur Mark Zuckerburg, on se croirait aux premières places d’un film qui raconterait l’histoire d’une nation pantin de son despote. Mais ici, la réalité dépasse cette fiction. La nation est élevée ici à l’échelle mondiale. Les dissidents du discours canonique des puissants et des médias qui leurs sont assujettis sont éliminés, effacés, non-existants. Il ne reste qu’un langage javellisé destiné à un public voulu en constant état de consommation par les puissants.
L’idée est que dans l’ère des monopoles, Facebook s’en fou des enjeux sociaux des Noirs. En 2017, Facebook fermait la page de NegroNews en prétendant unilatéralement qu’il incitait à la haine raciale. L’influent média français afrocentriste répondit dans un communiqué : « NegroNews n’est pas et ne sera jamais un média raciste, tout simplement car la haine d’autrui n’a jamais et ne fera jamais avancer une communauté. Cependant, force est de constater qu’il semble exister une inégalité des citoyens/… / N’est-il pas contraire à la Constitution d’empêcher une communauté de se réunir sur un réseau social afin de s’informer, s’inspirer, s’encourager, s’entraider et même s’aimer alors que cela est permis à d’autres ? Le communautariste est-il donc permis à toutes les autres communautés sauf la nôtre? Les Noirs ne peuvent-ils donc pas se réunir autour d’un sujet, d’une cause, d’un problème sans qu’ils soient surveillés, épiés, contrôlés par ceux qui se prétendent pourtant partisans de la liberté d’expression et d’opinion? »
Il y quelques mois seulement, Facebook refusa, même après contestation de notre part, que ce magazine web, L’Encre Noir, supporte ce simple titre Nike offre une ligne de vêtements à Colin Kaepernick sur sa plateforme. Apparemment ce n’est pas le genre d’information qui doit faire réfléchir son public ou ses commendataires.
Dans la liste noire de Facebook, on retrouve une panoplie d’individus louches comme David Duke, raciste assumé, membre du Ku Klux Klan et anciennement de la Chambre des représentants de Louisiane aux États-Unis. Amalgamer le mouvement des droits des Noirs à celui des Blancs est une indélicatesse crasse. Durant les 300 dernières années, les Afro-américains ont subi tous les outrages possibles. Pendus, décapités, violés, brûlés pour être aujourd’hui ségrégués et dévalorisés en plein sol américain, les mouvements de militantismes noirs se collent plus avec l’amour de soi comparativement celui des Blancs qui réclament la haine de l’autre (Noirs, Juifs et homosexuelles).
Plusieurs personnalités publiques ont pris la parole pour dénoncer ce qui semble être un nouveau musellement pour une grande partie de la population noire et musulmane si on y ajoute le bannissement du livre de Louis Farrakhan par Amazon, The Secret Relationship Between Blacks & Jews. Cet événement ajoute a l’animosité et suggère que le Noir n’a pas le droit ou l’autorité d’écrire, raconter sa propre Histoire. Hier, le rappeur Snoop Dogg a appelé carrément au boycottage de la plateforme web de douze milliards de dollars. Snoop Dogg suivit par 35 millions de personnes sur Facebook a annoncé avec vigueur qu’il continuera à partager les propos de Louis Farrakhan sur son mur.
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