Meriam Ibrahim, une femme soudanaise condamnée à mort pour avoir renoncé publiquement à la religion musulmane au Soudan a vu son jugement annulé. Le tribunal de Khartoum a aujourd’hui ordonné sa libération.
La Cour de cassation a invalidé la condamnation à mort de la femme de 27 ans après que les avocats de la défense aient avantageusement plaidé sa cause une nouvelle fois.
Mme Ibrahim, dont le père était musulman, mais qui a été élevée par sa mère chrétienne orthodoxe d’Éthiopie, a été reconnue coupable d’apostasie pour avoir épousé un chrétien. Le Code pénal soudanais criminalise la conversion des musulmans à d’autres religions, un crime punissable par la mort et selon la loi, les enfants doivent suivre la religion de leur père.
Meriam Ibrahim a épousé en 2011 dans une église Daniel Wani, un chrétien sud-soudanais qui jouit d’une citoyenneté américaine. Comme dans de nombreux pays musulmans, il est interdit au Soudan aux femmes musulmanes d’épouser des non-musulmans, bien que paradoxalement les hommes musulmans peuvent se marier en dehors de leur foi.
Le mois de mai dernier, alors enceinte de huit mois, le juge Abbas Mohammed Al-Khalifa donnait à la femme ces instructions: On lui a offert trois jours pour qu’elle « renie le Christianisme et retourne à l’Islam », sinon elle serait pendue.
La sentence a engagé une condamnation internationale, Amnesty International la qualifiant « d’odieuse. » Le Département d’État américain a déclaré qu’il était « profondément troublé » par la condamnation et a appelé le gouvernement soudanais à respecter les libertés religieuses.Dans une déclaration commune, les ambassades du Canada, de la Grande-Bretagne, des États-Unis, et des Pays-Bas ont exprimé leur « profonde inquiétude ».
Mme Ibrahim avait déjà un fils de 18 mois qui vivait avec elle en prison. Puis le mois dernier, tout en attendant que tombe sa nouvelle sentence après avoir contesté la première, elle donna naissance à la petite Maya dans l’hôpital de la prison.
En prison, Mme Ibrahim dit « S’ils veulent m’exécuter alors qu’ils aillent de l’avant et le fasse parce que je ne vais pas changer ma foi. Je refuse de changer. Je ne renoncerais pas au christianisme juste pour que je puisse vivre. J’ai besoin d’être fidèle à moi-même. »
Le Soudan a introduit la charia islamique dans les années 1980 sous le règne de l’autocrate Gaafar Mohammed Nimeiry qui étend le domaine du droit musulman, cantonné depuis la colonisation au droit personnel, au droit pénal.Un mouvement qui a contribué à la reprise d’une insurrection au sud du Soudan animiste et chrétien. Le sud a fait sécession en 2011 pour devenir la plus jeune nation du monde, le Soudan du Sud.
Le politicien soudanais Mahmoud Mohammed Taha fut exécuté en 1985 pour apostasie, il avait 76 ans. En 1992, le poète saoudien Sadiq Malallah, musulman chiite, est exécuté par décapitation pour apostasie et blasphème. En 1992, le théologien Mohammed al-Ghazali justifie dans une fatwa l’assassinat de l’intellectuel Farag Foda, qui avait décrit de quelle manière les Coptes sont discriminés en Égypte, prétextant que « si le gouvernement peine à condamner les apostats, n’importe qui peut se charger de le faire ». En 1996, Hadi Al-Mutif, adolescent saoudien chiite, est condamné à mort pour apostasie. Il demeure seize ans dans le couloir de la mort avant d’être gracié en 2012.
En 2012, L’apostasie est toujours passible de la peine de mort en Arabie saoudite, au Soudan, Mauritanie, en Somalie, en Iran, au Qatar, au Yémen et aux Maldives.
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