Malgré cette forte insistance de la quasi-totalité des Éthiopiens (toutes origines confondues), sur leur judaïsme et leur attachement à Israël, l’intégration concrète pose certains problèmes.
Le premier contact avec Israël a généralement été un choc assez violent pour les nouveaux immigrants. Pour une population rurale avec un niveau scolaire très faible, l’univers urbain israélien a posé des problèmes d’adaptation.
Avec le temps, les Éthiopiens s’installent en ville, créant « des enclaves ethniques ou des familles étendues se regroupent volontairement ». Les « blancs » ont de plus tendance à quitter les zones de fortes concentrations éthiopiennes, avec le risque à terme de constitution de ghettos.
Des réactions de racisme peuvent également apparaître, surtout là où des concentrations importantes de Beta Israel existent. L’anthropologue Lisa Anteby-Yemnini rapporte les tensions au sein des centres d’intégration entre olim (nouveaux immigrants) éthiopiens et ex-soviétiques : « vous saviez qu’en Éthiopie ils habitaient dans les arbres ? Ce sont des sauvages, et l’on veut nous faire croire qu’ils sont Juifs ! ». Certains maires, comme celui d’Or Yehuda, ont aussi refusé l’implantation d’Éthiopiens dans leurs communes, considérant qu’un « seuil de tolérance » était dépassé et craignant une baisse du niveau scolaire et une hausse de la délinquance.
Ces réactions participent de la montée de revendications et de contestations chez les jeunes Éthiopiens, une minorité pouvant même être très virulente : « Israël est l’un des États les plus racistes au monde envers les noirs […]. Quand j’étais plus jeune, j’ai essayé […] d’aller dans des clubs avec des amis blancs, mais on ne me laissait pas entrer ». De façon moins abrupte, le même article indique que « beaucoup d’Éthiopiens de 20 ou 30 ans, qui sont nés en Israël ou y ont immigré jeunes, admettent que bien qu’ils soient passés par « le creuset » du service militaire, ils se sentent toujours différents et non désirés dans les lieux de rencontre des Israéliens et préfèrent traîner dans leurs propres endroits » (comme des clubs « noirs »).
Confirmant ce sentiment d’exclusion, un sondage publié par le Jerusalem Post en 2005 indiquait que 43 % des Israéliens ne souhaitaient pas qu’eux-mêmes ou leurs enfants épousent un ou une Beta Israël.
L’utilisation aujourd’hui courante du terme « Éthiopien », en lieu et place de Beta Israel ou même de « Juif d’Éthiopie », et ce tant par les intéressés que par leur environnement israélien, confirme la structuration ethno-communautaire des jeunes générations autour d’une couleur de peau et d’une origine.
Si le terme « noir » commence à être revendiqué par la jeune génération, il a par contre été rejeté par ses parents, car en Éthiopie, dans « le système de perceptions raciales qui domine le monde des Beta Israel» les « noirs » (t’equr) étaient les Barya une minorité Beta Israel méprisée aux origine servile.
Jusqu’à leur immigration en Israël, les Baryas ont conservé un statut de serviteur, malgré l’abolition officielle de l’esclavage en 1924. Ils étaient « de facto une part de la propriété familiale et continuaient à être légués d’une génération à une autre. [… il y avait même une] vision générale des baryas comme […] non-humains ».
Les juifs Noirs se considéraient comme qey [rouge] ou t’eyem [brun]. De fait, leur peau est plus claire, et les traits du visage plus « moyen-orientaux » que ceux des populations de l’intérieur du continent.
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