Hier, une révision majeure d’une politique d’un demi-centenaire permettra aux Cubains de sortir de l’ile de Fidel Castro et ils auront le droit de voyager librement à partir de janvier 2013. Ces changements sont les dernières d’une série de réformes progressives mises en place ces dernières années par le président Raul Castro, qui a pris les rênes du pouvoir de son vieillissant frère Fidel Castro en 2006.
Encore aujourd’hui, pour se déplacer l’État communiste impose deux exigences lourdes – une lettre d’invitation d’une personne à l’étranger et un visa du pays de destination. Ces préalables seront mis de côté. Cette paperasse peut coûter jusqu’à 500 $ dans un pays où le salaire mensuel moyen est de presque 20 $.
Le casse-tête bureaucratique et les coûts liés au visa de sortie, connu sous le nom « carte blanche », ont piégé de nombreux Cubains dans leur propre pays, ce qui incite la majorité d’entre eux de quitter illégalement Cuba, souvent dans des excursions incertaines en bateau de fortune et parfois même dans des voitures convertit en chaloupe.
Les États-Unis et les exilés cubains ont accueilli avec prudence les nouvelles politiques qui entreront en vigueur le 14 janvier 2013 et qui pourraient déclencher une nouvelle ruée vers la Floride, qui se situe seulement à 145 km au Nord.
Selon la nouvelle loi, les Cubains auront seulement besoin d’un passeport pour quitter le pays au lieu d’avoir à demander un permis de sortie, et le délai accordé pour le séjour à l’étranger sera prolongé de 11 à 24 mois.
Mais le gouvernement a indiqué qu’il continuerait d’imposer certaines limites pour éviter une « fuite des cerveaux« .
Selon le quotidien officiel Granma qui fait écho à la voix du gouvernement, Cuba conserve certaines mesures « pour se défendre » aussi longtemps que possible contre les politiques de vol des cerveaux visant à enlever ressources humaines indispensables au développement économique, social et scientifique de Cuba.
L’éducation à Cuba est 100% financé par l’État communiste, et ce, jusqu’à l’université. Considérant certainement ce fait, les États-Unis octroient de facto la résidence automatique à tout Cubain qui met son pied sur le sol américain. Un droit qui n’est pas accordé si vite aux visiteurs d’autres pays. Le gouvernement de Cuba a longtemps demandé à Washington de stopper cette pratique qui tente, selon La Havane d’attirer outrageusement les meilleurs éléments cubains.
Le Département d’État américain a déclaré la décision de La Havane « est compatible avec la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui prévoit que toute personne devrait avoir le droit de quitter tout pays, y compris le leur ».
« Alors que nous analysons, évidemment, tous les détails et toutes les implications que cela peut avoir », a déclaré la porte-parole du département d’État Victoria Nuland.
Environ deux millions de Cubains vivant à l’étranger, 80 pour cent d’entre eux en Floride ou la population cubaine s’élève à 11,2 millions.
Le ministère cubain des Affaires étrangères a déclaré que les derniers changements « prennent en compte le droit de l’État révolutionnaire de se défendre contre les interférences et la subversion par le gouvernement américain et ses alliés ».
« Pour cette raison, des mesures qui visent à préserver le capital humain créé par la révolution seront maintenues pour faire face du pillage des talents par les plus puissants pays »
Selon la nouvelle loi, les gens qui jouent « un rôle vital » dans le pays, comme les soldats, ingénieurs, médecins et athlètes, devront obtenir une autorisation de leurs supérieurs afin d’obtenir un passeport.
Le gouvernement a également déclaré qu’un passeport peut être refusé aux Cubains qui ont un casier judiciaire, une dette publique, ou pour des raisons de « sécurité nationale ».
La population d’exilés cubains aux États-Unis a accueilli avec prudence ce retournement.
« En principe…, c’est une bonne nouvelle pour les Cubains. Ils pourront enfin commencer à avoir un peu plus de liberté », a déclaré Omar Lopez Monténégro, directeur des droits de la personne chez la Fondation nationale cubano-américaine, une organisation basée à Miami.
Il nuance en ajoutant que « le passeport est quelque chose qui doit être donné librement à tous », et notant qu’«il y a des exigences qui demeurent obscures ».
Les exilés veulent aussi savoir si La Havane permettra aux Cubains de revenir librement dans leur pays d’origine.
Même si une « carte blanche » peut être renouvelé à 10 reprises, les Cubains doivent retourner sur l’île après son expiration ou de perdre le droit de résider à Cuba.
Les changements sur la loi qui régit les déplacements des Cubains suivent les réformes économiques mises en oeuvre par Raul Castro au cours des deux dernières années pour moderniser Cuba dominé par une économie d’État marginalisé depuis l’effondrement de l’Union soviétique.
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