Avec l’étreinte des nouvelles technologies sur nos vies, le ciblage, le profilage racial des publicitaires, le choix d’une clientèle particulière pour les hommes d’affaires est facilité et même suggéré par les agrégateurs de données que sont les réseaux sociaux comme Facebook, ou les fournisseurs de services dominés par Uber et Airbnb.
Avec ces trois joueurs dominants, tous américains, Facebook, Uber et Airbnb vous faites largement le tour de la planète connectée. Facebook, avec son plus du milliard d’utilisateurs, fait allègrement son beurre avec les annonceurs. Uber, disponible dans 522 villes dans le monde, compte plus d’un milliard de demandes de service depuis 2008. Et Airbnb, présent dans plus de 34 000 villes, dans plus de 191 pays, enrichit plus de 2 millions de propriétaires qui sont prêts à louer leur espace aux utilisateurs sélectionnés de l’application.
Être diminué dans une seule de ces applications est suffisant pour bouleverser sérieusement votre univers numérique, mais de la part des trois, vous vous retrouvez tristement dans un univers parallèle aux opportunités réduites.
Cette discrimination numérique existe pourtant bien. Une étude dévoilée le lundi 31 octobre 2016, par le National Bureau of Economic Research (NBER : « Bureau national de recherche économique »), un organisme privé américain, sans but lucratif, politiquement indépendant, consacré aux sciences économiques, mené dans la ville de Boston démontre des manoeuvres discriminatoires de chauffeurs de Uber envers la clientèle afro-américaine. Dans cette ville, connue pour ses illustres Universités, les conducteurs annulent le transport de passagers Noirs plus de deux fois plus fréquemment que pour les passagers Blancs.
« La discrimination n’a pas sa place dans la société et elle n’a pas de place sur Uber », a déclaré Rachel Holt, chef des opérations nord-américaines d’Uber, dans un communiqué. « Nous croyons que dans l’ensemble, Uber contribue à réduire les inégalités en matière de transport, mais des études comme celle-ci sont utiles pour réfléchir à la façon dont nous pouvons faire encore plus. »
Facebook ne demande pas aux utilisateurs leur race, mais les quantités massives de données collectées l’évoque ultimement… La semaine dernière, on apprenait que le géant des réseaux sociaux permettait carrément aux annonceurs de cibler leur publicité avec la race, l’ethnie de leurs utilisateurs. Facebook dispose d’une option de personnalisation des annonces intitulée « Affinités ethniques », qui permet aux annonceurs de cibler des groupes spécifiques – ou de les exclure.
Christian Martinez, responsable du multiculturalisme chez Facebook, a défendu l’utilisation d’un ciblage publicitaire basé sur les affinités ethniques. Martinez a déclaré que « Facebook désire que ses utilisateurs voient des annonces qui leurs sont pertinents, que c’est une façon de reconnaître et d’embrasser la diversité. » Par contre, ces voeux pieux n’expliquent en aucun cas pourquoi on peut exclure les Asiatiques, les Hispaniques et les Noirs mais pas les Blancs?!
Ces dispositions totalitaires violent des lois américaines sur l’égalité, puisqu’un groupe immobilier pourrait exclure les Noirs ou autre groupe ethnique (à part les Blancs, Facebook ne le permet pas…) de leurs clientèles visées.
En 2015 une étude menée par la Harvard Business School (HBS), l’une des écoles de management les plus réputées du monde, concluait que les demandes d’hébergement de personnes avec des noms à consonance afro-américaine, de Blacks, sont 16 % moins susceptibles d’être acceptées par rapport aux locataires identiques avec des noms distinctement de Blancs. Cette discrimination est parmi les propriétaires de résidences de toutes tailles, y compris de petits propriétaires partageant leur propriété et les plus grands propriétaires ayant de multiples propriétés. De plus, cette injustice est plus prononcée parmi les hôtes qui n’ont jamais eu d’invités Noirs, suggérant une pratique de discrimination notoire parmi un sous-ensemble d’hôtes.
Si les marchés locatifs ont pu voir une réduction significative de la discrimination au cours des dernières décennies, les résultats de la HBS suggèrent que les choix actuels de conception d’Airbnb facilitent la discrimination et soulèvent même la possibilité d’annihiler certains droits civils acquis.
Aujourd’hui, les compagnies du web moulent les sociétés à leurs ambitions sans mesure, l’uberisation ne se faisant pas sans chocs. Les multinationales numériques ont des coudées franches devant la maigre gestion des nouvelles technologies par les États se courbant envieusement devant ces nouveaux faiseurs de tendances.
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