C’est à 3 heures du matin que les résultats de l’élection présidentielle du Congo-Brazzaville tombent. Denis Sassou-Nguesso est reporté au pouvoir au premier tour, avec plus de 60 pour cent des voix. Son règne s’étirera donc vraisemblablement à près de 40 années.
Dans une conférence de presse à son QG, l’indéboulonnable Président de la République du Congo de 72 ans affirme: » Le scrutin s’est déroulé dans une manière plus ouverte.« , avant de se féliciter pour ces résultats qu’il « espère traduit la réelle volonté du peuple. »
Ce peuple qui s’est vu imposé une interruption totale des communications (téléphone et internet) pendant quatre jours, est descendu dans les rues de Brazzaville dénoncer ce qu’ils pensent être un vol électoral. Des tensions culminent dans les quartiers de l’opposition qui officiellement ont été crédité d’un peu plus 15 pour cent pour Guy-Brice Parfait Kolélas et 13,89% des voix pour le général Jean-Marie Michel Mokoko arrivé troisième.
Une élection menée dans une atmosphère peu crédible où les adversaires du président sortant n’ont pu faire campagne en toute liberté, intimidé par le pouvoir en place. Un pouvoir tenu fermement par M. Sassou-Nguesso dans un pays favorisé par le bois et le pétrole, tous deux exploités, principalement, par des compagnies françaises qui versent en contrepartie des devises à l’État.
Guy-Brice Parfait Kolelas parlait de farce électorale avec cette élection à huis clos. L’homme politique avance avoir des preuves que les résultats officiels ont été falsifiés.
Le général Mokoko demandait au peuple: « de ne plus avoir peur et réclamer leurs votes confisqués et volés. » après avoir précisé qu’il est impossible au candidat Sassou-Nguesso d’être élu au premier tour avec toutes ces irrégularités. Un appel direct à la désobéissance civile pour couper avec les trente-deux dernières années de règne de Denis Sassou-Nguesso dans l’ex-colonie française.
Alors qu’il occupait le poste de ministre de la défense, le militaire de formation Denis Sassou-Nguesso, goutait au pouvoir un premièro fois en 1979, après qu’il fut nommé Président provisoire deux ans après l’assassinat dans une fusillade du Président Marien Ngouabi. Il est successivement renommé à la tête du Parti congolais du travail (PCT), l’unique parti politique du Congo jusqu’à l’aboutissement d’une conférence nationale qui instaure le multipartisme le 15 mars 1992, un effet découlant du déclin du communisme.
Sassou-Nguesso perd ses élections s’exile et revient armes à la main, provoquant une guerre civile en 1997. L’hebdomadaire français Le Canard enchaîné avait révélé qu’« avec l’accord tacite de Paris, des livraisons d’armes via l’Angola, le Gabon et le Sénégal ont permis d’équiper les milices de Sassou Nguesso. Parfois même, achats et expéditions ont eu la capitale française pour cadre (Le Canard enchaîné du 13 août et du 22 octobre 1997).»
Le 25 octobre 1997, Sassou-Nguesso se proclame président de la République et promulgue un acte fondamental qui aménage une transition de durée flexible. Après plusieurs centaines de morts, c’est au prix de négociations avec les chefs de guerre que le gouvernement parviendra à normaliser la situation.
En 2002, Sassou-Nguesso fait adopter par référendum une nouvelle constitution. La durée du mandat du président de la République est fixée à sept ans, l’âge limite pour la candidature à la magistrature suprême est de 70 ans. Sassou-Nguesso est élu cette même année pour une première fois, très confortablement au premier tour à la suite d’élections contestées.
En 2009, il est réélu encore au premier tour avec 78 % de voix pour ce qui devait être constitutionnellement son dernier mandat. Il y a cinq mois, en octobre 2015, Denis Sassou-Nguesso fait modifier la Constitution congolaise non sans tumulte pour le permettre de se représenter une nouvelle fois, pour cette élection-ci, qu’il avait promis remporter au premier tour. Eh bien, promesse tenue…
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