Dimanche le président américain Barack Obama est arrivé à Cuba le pour une visite historique, l’ouverture d’un nouveau chapitre dans l’engagement des États-Unis avec le gouvernement communiste de l’île après des décennies d’animosité entre les anciens ennemis de la Guerre froide.
A bord d’Air Force One, Obama a atterri à l’aéroport José Marti International de La Havane qui tient nom d’un héros national cubain pour la lutte de l’indépendance. C’est José Marti qui vainquit l’envahisseur Espagnol à la Bataille de Dos Rios (1895-1898). Un occupant qui sera remplacé par les États-Unis quelque temps plus tard. De là toute la symbolique puisque Barack Obama est le premier président américain en exercice a visité l’ile depuis que Calvin Coolidge y a foulé le pied en 1928 pour une conférence panaméricaine.
En avançant sur le tapis rouge par une météo qui s’annonçait pluvieuse, Barack Obama et sa famille ont été accueillis par Bruno Rodriguez, le ministre cubain des Affaires étrangères, le plus haut dignitaire cubain présent. La cérémonie d’accueil officielle aura lieu le lundi quand Obama rencontrera le président cubain Raul Castro au palais présidentiel.
Voyageant avec la première dame Michelle Obama, et leurs filles, Sasha et Malia, le président a d’abord rencontré le personnel de l’ambassade des États-Unis qui a récemment rouvert dans un hôtel de La Havane. «C’est une occasion historique de dialoguer directement avec le peuple cubain« , a-t-il déclaré aux diplomates américains.
Le voyage de trois jours, la première d’un président américain à Cuba en 88 ans, est l’aboutissement d’une ouverture diplomatique annoncée par Barack Obama et Raul Castro en décembre 2014, mettant fin à une guerre froide qui a commencé quand la révolution cubaine a évincé du pouvoir un gouvernement pro-américain en 1959.
Obama, qui a abandonné une politique américaine qui tentait d’isoler Cuba du reste du monde, veut marquer l’histoire et faire de sa présidence un épisode irréversible. Mais les principaux obstacles demeurent. La pleine normalisation des relations est encore à réaliser.
Notamment par l’embargo économique imposé à Cuba qui dure depuis 54 longues années. Obama a demandé au Congrès de l’annuler, mais le geste a été bloqué par la position républicaine qui critique le président démocrate en prétendant que cette rencontre est prématurée. Des avancements ont tout de même été réalisés depuis le rapprochement. Les deux parties ont rétabli des relations diplomatiques et signé des accords commerciaux sur les télécommunications et un service aérien régulier.
Soulignant le fossé idéologique et la tension qui persistent entre Washington et La Havane, la police cubaine, soutenu par des centaines de manifestants progouvernementaux, ont rompu la marche dominicale d’un groupe dissident bien connu, les Dames en blanc, en arrêtant environ 50 personnes, quelques heures avant l’atterrissage d’Air Force One. Ces femmes sont les épouses et membres des parents de dissidents emprisonnés par le gouvernement de Fidel Castro. Les femmes protestent contre ces emprisonnements depuis le Printemps noir cubain de 2003, en assistant à la messe chaque dimanche vêtue d’une robe blanche, puis en marchant en silence dans les rues. Cette dernière marche fut plus intense que d’habitude. Le gouvernement rejette cette dissidence financée par des intérêts américains et ses participants sont perçus comme étant des mercenaires qui cherchent à déstabiliser le pays. Un mouvement malgré tout couronné par le Prix Sakharov remis par le Parlement européen en 2005.
De son coté, Cuba se plaint du contrôle des États-Unis de la base navale de la baie de Guantánamo en vertu d’un contrat de location 1934, que La Havane affirme ne plus être valide et qu’Obama refuse d’en discuter avec son homologue cubain. Utilisée par l’US Navy depuis plus d’un siècle, c’est la plus ancienne base des États-Unis hors du continent nord-américain. Avant juillet 2015, elle était la seule située dans un pays n’ayant pas de relations diplomatiques avec eux. La Havane déplore aussi le soutien des États-Unis pour les dissidents cubains et les émissions de radio et de télévision anticommunistes émises subversivement dans l’ile de Castro.
S’adressant aux journalistes, le Ministre du commerce extérieur et de l’investissement Rodrigo Malmierca Díaz a déclaré que les tentatives de régularisation d’Obama « vont dans la bonne direction. » Mais il a ajouté: « Nous ne pouvons pas parvenir à une normalisation de nos relations avec le blocus toujours en vigueur et sans résoudre d’autres thèmes de grande importance. »
Obama aura des entretiens avec Raul Castro, mais pas son frère Fidel Castro, le leader révolutionnaire qui a fait face à pas moins de dix Président américains: Eisenhower, Kennedy, Johnson, Nixon, Ford, Carter, Reagan, George H. W. Bush, Clinton et G.W. Bush. Lundi, le premier président noir américain s’entretiendra avec des gens d’affaire de l’ile communiste puis l’agenda prévoit une rencontre en privé avec des dissidents, pour finalement assister à un match de baseball mardi.
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