Mené par Ama Design, présidé par la femme d’affaires très en vue Danièle Henkel, sous la direction attentive d’Yves de Lima, le Fashion Show Monde proposait un programme prodigieux pour s’incarner dans l’enceinte majestueuse du Théatre Saint-James ce samedi 16 septembre 2017.
Ce fut salle comble au plus prestigieux espace du Vieux-Montréal. Les places assises se raréfiaient bien avant que le show ne commence. Quelques spectateurs ont même dû apprécier le spectacle debout. Et malheureusement pour eux, ils n’ont pu se consoler sur les bouchées offertes par la maison qui étaient aussi rares que les chaises vides.
La foule miroitait l’éclatante communauté noire montréalaise. Par applaudissement nourri, elle réclamait le début du show retardé de près de trente minutes. France Antoine et Myriam Mompoint, deux aficionados de la mode, étaient présentes pour découvrir les coutures de Flerish par Carine Louis, une designer montréalaise qui trouve l’inspiration dans sa petite fille.
D’autres ont certainement été attirés par la présence attendue de Danièle Henkel, une mécène qui siège parmi les Dragons dans une émission téléréalité sur les ondes radiocanadiennes calquée sur l’émission américaine The Shark Tank. Malheureusement pour elles et eux, la femme d’affaires a offert dans une vidéo de cinq minutes de plates excuses pour expliquer son impossibilité d’assumer sa présidence de la soirée festive. On lira le lendemain dans le LaPresse Plus que celle qui était de tout coeur au Fashion Show Monde était en chair et en os à la Tohu, au Bal du Mac, un événement mondain, privé, ou vous ne pouvez que constater la nature du privilège blanc. Cet événement-bénéfice annuel est couru par les poches les plus profondes de la société québécoise et artistes en mal de visibilité.
21 h 30. Fondé en 2008, White label amorce la soirée en sensualité. Designée à Montréal par Evelyne Fay, la délicate collection pour hommes et femmes « assumés» fut toute en transparence. Evelyne Fay s’inspire de la musique pour créer. Puis Les Hommes de Fauvette et Mirmonde se sont réunis pour remontrer des morceaux de leurs collections qui ont triomphé dans des événements antérieurs avant que la soirée ne soit officiellement lancée.
Si la Chine est de plus en plus présente dans nos vies, elle l’est autant plus dans la mode africaine. Né en Cote d’Ivoire, Issa Sorogo pour la collection Saponé affichait des mannequins coiffés de chapeaux triangulaires, aux premiers abords un clin d’oeil au mythique chapeau asiatique, mais l’organisation a tenu à nous corriger sur ce point. C’était en fait des chapeaux Saponé, un héritage du Burkina-Faso. Beaucoup de tissus et lignes chez le designer qui vit aujourd’hui aux États-Unis.
Flerish de Carine Louis a beaucoup plu. Ses adorables jeunes mannequins y sont peut-être pour quelque chose puisqu’elles ont su éveiller les instincts maternels de l’assistance majoritairement composée de femmes . Se dévouant principalement aux fillettes, puisque son inspiration lui vient directement de son unique fille nous confia-t-elle, ses teintes se concentrent sur les orangés et jaunes agencés dans des tissus traditionnels africains. La Gabonaise, Chirlet Ella pour Cella Mode Emcha poursuivait dans cet élan en étendant ses créations aux adolescentes et adolescents.
Plus dans la sobriété, du Chili, Lucci Rojas pour Lushyne affichait une collection de prêt-à-porter pour adultes aux couleurs ombrageuses. Confectionnés à Montréal, ses habits de polyester, de nylon et de spandex, se marient jalousement aux corps. Pour les intéressés, quelques morceaux uniques sont actuellement disponibles dans sa boutique en ligne.
Phelicia Dell pour Vèvè collection représentait bien par son vêtement l’essence haïtienne. Sa collection dominée de blanc cassé respirait le bien-être et la joie de vivre. Chaque présentation était assortie d’un distingué sac ou était dessiné ce qui devait être un vèvè: sorte de symbole vaudou haïtien. Ava Paris embrassait la même palette de couleurs dans des habits pour juvéniles.
Les trois derniers designers, se sont tous déjà présenté à Montréal, soit pour la réussite Black Expo Design 2016, soit pour la mémorable la Black Fashion Week, ou encore la Semaine de la mode Caribéenne qui s’est tenu quelques mois plus tôt au Musée Grévin. Milly Lawrence pour Hot Needle démontre encore une fois un savoir-faire remarquable. Fourrure, dentelles, tout lui réussi. Fauvette Nacto pour Les Hommes de Fauvette décontenance une nouvelle fois avec des créations inspirées, inusitées, viriles, nuancées, pimpantes. Ses lignes et couleurs captent, frappent. Personnellement c’est ma préférée. Martial Tapolo allait clore la soirée avec de magistrales robes aux détails infinis. Robes de marié, robes de soirée, le génie de ce créateur de mode s’exclamait sous chacune de leurs coutures.
En plus l’invisible présidente Danièle Henkel, il est à noter l’absence de plusieurs designers pourtant annoncés dans le communiqué : Zineb Ammari, Kacem Sahl, l’excellent AlphaO Bah, Mikaelle Merlin, Patrick Asso , Vickie Joseph. On espère découvrir pour la prochaine édition du Fashion Show Monde différents visages, acteurs, designers de l’inépuisable mode afro.
Pour la finale, mannequins, designers, distingués invités et conviés ont joyeusement partagé le plancher de danse jusqu’aux petites heures du matin.
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