Le 3 novembre 2015, l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) proposait enfin sous la direction du maestro Simon Leclerc son spectacle soul, l’OSM Soul. Un spectacle qui mettait à l’avant cinq chanteurs Noirs, une première pour l’orchestre depuis sa fondation en 1934. En tout, plus d’une vingtaine de morceaux ont fait vibrer la Maison symphonique de Montréal, une salle 2100 fauteuils.
Comme nous avait livré préalablement Simon Leclerc, un chef d’orchestre qui a la simplicité des grands hommes, son intention première était de faire un show avec des Blacks. Et c’est ce qu’il a fait. Kim Richardson, Dorian Sherwood , Élizabeth Blouin-Brathwaite, Gardy Fury et Normand Brathwaite ont tour à tour échangé le micro. Le spectacle qui dure un peu moins de deux heures, chevauche différents styles musicaux. On passe du RnB à la chanson québécoise, traversant des époques, transcendant les styles.
Dans le concert l’OSM Soul qui a débuté magistralement avec when a man loves a woman chanté par Gardy Fury et Dorian Sherwood, on a bien eu droit à la profondeur du soul, mais de façon insuffisante. L’exaltation, le délire, la tristesse noire de cette musique née dans la sueur afro-américaine fut disséminée sur l’étendue du show.
Par contre il y eut des éclairs, des ilots de génie. Kim Richardson qui est issue du gospel, a assuré avec une ovation debout en s’attaquant aux répertoires d’Immortels tels que Nina Simone, Whitney Houston et Summertime d’Ella Fritzgerald orchestré incroyablement par maitre Leclerc. La jeune Brathwaite, Élizabeth qui s’est exercée autant dans les basses que les hautes notes, a offert une prestation étincelante de Bang Bang de Nancy Sinatra. Oufffff. Gardy Fury a démontré l’étendue de sa voix en s’en prenant a plusieurs styles différents. Son interprétation de Foule Sentimentale d’Alain Souchon accompagné des quatre autres artistes fut particulièrement touchante si on recadrait les paroles sur ces cinq chanteurs Noirs. Par contre son exécution de Mes blues passe pu dans porte, d’Offfenbach fut nourri d’applaudissements bien polis.
Et c’est là l’inégalité du show. Simon Leclerc a choisi de ne pas suivre le filon jusqu’au bout. Un refus d’enfoncer son soul dans les oreilles vierges de la foule qui était pourtant venue boire de cette eau. On a eu plutôt droit a l’Amours existe encore de Céline Dion interprété respectablement par Dorian Sherwood, et jusqu’à de la comédie musicale de The Muppet avec The Rainbow Connection celui-ci interprété un peu nerveusement par Normand Brathwaite.
On est loin du show portant un réel message et quelques convictions que ce soit, en son sein. On est a l’antipode du poing levé de Tommie Smith et John Carlos aux Olympiques de 68. Une occasion manquée de conscientiser habilement une foule composée pour la plupart de privilégiés de cette société Blanche nord-américaine sur ces artistes Noirs qu’on ne voit pas, ces artistes qui tentent de percer un système qui ultimement les excluent.
Le choc n’a pas eu lieu. Simon Leclerc utilise plutôt ces gorges déployées avec la lucidité d’un chirurgien avec une mélodie docile, mais toutefois intelligente qui finit tranquillement par vous emparer de vos sens. Un premier pas Black quand même intéressant pour l’OSM.
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