Négrophobie en Belgique
Lettre ouverte au professeur et Sénateur Francis Delpérée à propos de ses attaques contre la NV-A qu’il qualifie de parti raciste.
En hommage à un vrai socialiste, M. Albert FANUEL, ancien bourgmestre de la ville de Fleurus et à la mémoire de feu mon ami Arsène DECLERC (MR), décédé le 6 mars 2014.
Monsieur le Professeur,
Monsieur le Sénateur,
Cher collègue et ami,
Je pense que je puisse encore vous appeler « collègue et ami », après tant d’années qui nous séparent de la fatidique année 1996.
La politique est un art extraordinaire ou parfois les plus médiocres deviennent intelligents, et les plus intelligents médiocres. Je ne pouvais penser que du haut de votre si grande intelligence, et du fond de ce que vous savez que vous êtes, vous vous aventureriez sur ce terrain là. C’est la politique et nous sommes en campagne électorale, ment le plus qui peut.
J’ai lu ahuri, que vous vous lanciez sur les pentes de l’égalité des chances, l’égalité entre Belges et étrangers et la lutte contre le racisme (http://www.levif.be/info/actualite/belgique/francis-delperee-est-fier-d-etre-attaque-par-la-n-va/article-4000631257798.htm). Déformation professionnelle aidant, vous donnez les bons et mauvais points ici et là. Cette fois, sur le racisme, je puis l’affirmer haut et fort, vous n’avez pas compétence, ni légitimité, tellement quelques faits vous décrédibilisent.
Je viens donc assumer ma responsabilité citoyenne pour alerter une partie de l’opinion sur votre manque de crédibilité sur le sujet de racisme.
Il est clair que le parti NV-A est un parti politique dangereux pour l’unité de la Belgique ; qu’il compte en son sein des militants de l’ancien Vlaams Blok (parti raciste et xénophobe). Peut-on dire pour autant que le parti est raciste ? Comme les autres partis dits démocratiques comptent en leur sein, de nombreux partisans (parfois ouvertement) racistes), peut-on pour autant dire que ces partis sont racistes. Diriez-vous également que le gouvernement fédéral (auquel votre parti a participé), qui a durant ce mandat mis en oeuvre de nombreuses mesures d’extrême-droite, est un gouvernement raciste ? Votre argument est simpliste et surprenant de la part du professeur que vous êtes resté, je suppose.
Vous souvenez-vous de l’Institut International des Sciences Administratives (IISA) de Bruxelles en 1996 ? C’est tellement loin pour vous… Vous souviendrez-vous de moi? Certainement, certainement pas. La vie va tellement si vite…
En plus de soixante années d’existence, j’étais l’un des rares Noirs, sinon le seul, à occuper un poste de responsabilité à l’Institut International des Sciences Administratives; le troisième responsable de l’Institut après la directrice et la directrice-adjointe.
Du temps où, jeune, chargé de recherches, des stages, des évaluations, des sections nationales et de la lettre d’information (etc.) de l’Institut International des Sciences Administratives (IISA) de Bruxelles, nous nous côtoyons, lors des réunions statutaires et les conférences internationales de l’IISA à travers le monde.
Comment pouvais-je imaginer que de cette (haute) position, je pouvais en dégringoler parce que je soutenais la demande de justice sociale formulée par le personnel ? Personnel, en majorité féminin et Blanc. Ceci à son poids.
Que j’étais stupide de croire en l’universalité des droits de l’homme ? Que j’étais naïf de croire en la solidarité du personnel. Ni mon syndicat, ni le Centre pour l’égalité des chances et de la lutte contre le racisme n’ont rien pu faire : on avait en face le « redoutable et professeur Delpérée . »
Depuis 1996, vous avez tellement épousé et changé les multiples camisoles qui caractérisent votre personnalité. De mon côté, à cause de votre refus catégorique d’intervenir en faveur du maillon faible, du petit Africain sans protection, du «pot de terre » que l’on pouvait impunément écraser, ma famille et moi avons vécu un calvaire et des humiliations. Nous avons miraculeusement échappé à l’expulsion de la Belgique (passant sans transition de statut spécial (étranger privilégié) à « sans papier »). Nous avons failli perdre notre maison. J’ai été spolié de mes droits au chômage, abusé par mon syndicat (SETCA), et j’en passe.
Mais seule la foi en la justice divine nous ont fait tenir. Seule la foi en cette force rédemptrice cultivée depuis ma dure enfance en Afrique m’aura permis de rester combatif. Monsieur le Professeur, alors que je demandais votre médiation dans un conflit avec la direction, vous souvenez-vous de votre réponse ? Certainement pas.
« C’est le pot de terre contre le pot de fer » ? Vous souvenez-vous de cette phrase qui est restée gravée dans ma mémoire, un soir, après de multiples tentatives pour vous joindre et discuter du problème? Une phrase-choc, des mots secs comme un coup; des mots anéantissant vos forces dans un combat, certes juste, mais injustifiées pour le défenseur de la nomenklatura que vous représentez.
Monsieur le Professeur, j’ai compris par la suite que cette « impuissance » volontaire vous permettait de caser une de vos protégées de l’UCL. La méthode et la manière valaient-elles la peine ? Moi, qui avais naïvement cru aux discours, à vos discours sur l’état de droit, la participation citoyenneté, la justice sociale, etc, je me trouvais confronté à un petit cas pratique. Vous avez choisi le camp du « pot de fer ». Ce « pot de fer » dont vous protégiez la malgouvernance (jamais dévoilée, ni auditée, ni sanctionnée par les autorités de tutelle de l’IISA) et le mépris du « pauvre petit » personnel.
Une confidence que personne de l’IISA ne vous a jamais dévoilée : j’ai été un des artisans de votre élection comme Vice-président de l’IISA responsable, entre autres, de la fonction de « Médiateur » de l’Institut… A l’époque vous aviez en face un flamand… Mon choix était fondé, outre sur vos compétences indiscutables de Maître du droit, sur votre présumée laïcité et neutralité politique, sur vos supposées qualité en « médiation » et expert en relations citoyens et pouvoir.
Avec le temps, je me suis rendu compte que je m’étais trompé sur vous. Vous avez par la suite conforté certains jugements sur votre caractère raciste. Je vous renvoie à la Lettre ouverte adressée par un jeune Africain à la Président de votre parti le 13 avril 2011 sur votre apologie de la colonisation en Belgique qui se veut une société multiculturelle.
Monsieur le Professeur Delpérée, juste pour me rappeler à votre souvenir, et vous dire que vous avez brisé la carrière internationale du jeune et prometteur expert en gouvernance que j’étais déjà à l’époque. Sur le coup, j’ai craqué. Car le coup, votre coup était arrivé subitement et lâchement. Pour me consoler je vous ai surnommé « Professeur Delpeureux ». Sans rompre, j’ai résisté, et cette douloureuse expérience m’a beaucoup appris de la vie et de l’idéologie universaliste. Elle m’a surtout ouvert les yeux sur l’inhumanité de l’Humanité, en particulier, sur la racialisation des rapports humains.
Aussi, fort de cette nouvelle expertise et engagement antiracistes, je puis vous affirmer, sans rancoeur et sans rancune, que vous êtes peu crédible sur l’égalité des chances, le racisme et les relations interculturelles. Laissez la place à d’autres.
En espérant que vous resterez désormais plus discret sur le sujet du racisme, je vous souhaite bonne fin de campagne et succès lors des élections de ce week-end.
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