Lupita Nyong’o est couronnée la plus belle femme au monde selon le magazine hebdomadaire américain People.
Ce n’est pas la première fois qu’une femme Noire remporte cette distinction. Beyoncé Knowles a reçu ce titre en 2012 et Halle Berry fut la pionnière en 2003. Mais une chose diffère cette fois-ci. Il n’y a pas d’ambiguïté raciale. Lupita joui d’une peau foncée, des cheveux crépus et naturels.
Malgré tout, c’est une couronne bien peu satisfaisante pour une partie des Américains. Un jour avant de faire de Lupita la plus belle femme au monde, la cour suprême des États-Unis a statué contre une mesure servant à renforcer la participation des Noirs aux Universités américaines par une discrimination positive. Pourtant, les Afro-Américains sont fortement surreprésentés dans les prisons et vivent avec un taux de chômage plus élevé et selon une étude Department of Education, sont expulsé des cours plus souvent que leurs collègues Blancs.
Le film américain 12 Years of Slave a permis à la carrière de Lupita Nyong’o de sortir de l’obscurité. Son Oscar du meilleur rôle de soutien n’est en réalité qu’un levier qui sut propulser la carrière de la Kényane née au Mexique.
Le jackpot pour une étoile montante féminine est un contrat de grandes maisons de cosmétique, un marché de plusieurs milliards de dollars. Après Miu Miu, la petite sœur de Prada, dernièrement c’est la française Lancôme qui a fait de l’actrice son égérie. Lupita est la quatrième ambassadrice de la marque ayant remporté un Oscar. Elle s’ajoute à la courte liste de superstar très bien payée par la marque de L’Oréal qui inclut Uma Thurman, Penélope Cruz et Julia Roberts.
Ce nouveau prix n’est venu sans vagues. La pop star Nigeriane-Camerounaise Dencia n’a pas tardé à réagir en jetant son venin sur Lupita. La chanteuse qui vend elle même un produit qui blanchit la peau « Whitenicious », affirme que Lupita n’est pas claire dans sa démarche puisque Lancôme produit aussi une crème blanchissante.
Lors de son émouvant discours d’acceptation de la statuette, elle a exposé son désir, étant petite, d’avoir un teint plus pale. Elle nous a rappelé l’omniprésence de la blancheur dans les médias qui est le quatrième pouvoir, l’entité sociale la plus puissante dans la construction et la reproduction de notre culture maintenant mondiale.
Pendant que les parents vaquent à leurs activités, les enfants, eux sont anesthésiés par le petit écran qui véhicule et perpétue des stéréotypes dommageables pour leurs jeunes cerveaux. Ainsi, les dessins animés tout mignons de Disney promeuvent des stéréotypes depuis plusieurs décennies. Les corbeaux aux voix afro-américaines, fumeurs, sans éducations dans Dumbo. Le crabe dans la Petite sirène à qui on impute une voix jamaïcaine affirme à l’héroïne que la vie est plus belle sous la mer parce que l’on n’a pas besoin d’avoir un emploi. Et plus récemment dans La Reine des Neiges (Frozen), Disney a carrément omis tous personnages non blancs.
Dernièrement le film Noé a lui aussi attiré l’attention en affichant une distribution composée uniquement de Blancs. Un film ou le Noir n’existait pas encore… Un des scénaristes Ari Handel, affirme que la race importait peu, alors il n’a choisi que ses compatriotes comme représentation. Il pousse la note en affirmant « Que les Blancs représentent toutes les races dans ce film. » C’est certain que ce caucasien n’a jamais été sous-représenté dans un film et encore moins culturellement. Peut-être aussi qu’il ne désirait pas démontrer au monde leurs ancêtres Noirs…
Dans quelques semaines, on devrait voir une campagne publicitaire de la scintillante Lupita vantant les qualités de Lancome.
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