Des dizaines de milliers d’Éthiopiens et au moins 15 chefs d’État se sont déplacés dimanche pour rendre hommage aux funérailles de Meles Zenawi, l’ancien chef de guérilla qui s’est vu transformer en réformateur économique, qui est décédé le mois dernier après plus de deux décennies au pouvoir du deuxième pays plus populeux d’Afrique.
Le cercueil du premier ministre, drapé du drapeau national, placé sur une voiture noire, se déplaçait lentement de sa résidence à la Mesqel adebabay (Place de la révolution), dans un cortège qui comprenait une fanfare militaire et des dignitaires religieux.
Le cercueil a été placé devant la foule qui attendait sur la place devant une assemblée de prêtres qui entonnait les prières solennelles arborant les robes colorées de l’Église éthiopienne orthodoxe tewahedo, fondée par Frumence d’Aksoum au 4e siècle.
Le peuple endeuillé brandissait des drapeaux, quelques-uns pleuraient en écoutant les discours de leur premier ministre désigné ainsi que d’autres dirigeants africains. Un haut fonctionnaire américain prit aussi la parole.
Meles Zenawi, qui devait quitter le pouvoir en 2015 à la fin de son quatrième mandat en tant que Premier ministre, est décédé dans un hôpital de Bruxelles âgé de 57 ans. Les autorités ont affirmé qu’il était mort d’une infection après avoir reçu un traitement pour une maladie non divulguée.
Des hélicoptères peints en argent volaient en l’honneur de Meles Zenawi, tandis que les membres de divisions de l’armée d’élite montaient la garde. Leurs bérets rouges, bleus et verts marquaient les différentes unités.
De fortes pluies tombaient sur le cortège, entouré par les meilleurs officiers de l’armée, déplacé en procession à la Cathédrale de la Sainte Trinité. Cathédrale qui fut terminée en 1942 après le retour de l’Empereur Hailé Sélassié Ier de son exil. C’est dans ce lieu historique, qui abrite les tombes de l’Empereur Hailé Sélassié et de sa femme que le service funèbre et la cérémonie d’enterrement eurent lieu.
Meles Zenawi est né Legesse en 1955 à Adwa, le site ou l’on célèbre encore la victoire de l’Éthiopie contre l’envahisseur italien en 1896. Alors que ses convictions politiques prenaient forme, il choisit le nom de Meles comme un hommage à Meles Tekle, un jeune militant tué par le gouvernement.
Rebelles, Meles fait partie du Front de libération du peuple du Tigré puis le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien.
Meles Zenawi a pris le pouvoir de la junte militaire de Mengistu Haile Mariam en 1991 après une guerre civile qui dura 17 ans dans la Corne de l’Afrique. Il a adopté des réformes qui ont donné à l’Éthiopie l’un des plus forts taux de croissance en Afrique. Mengistu Haile Mariam avait lui-même renversé le dernier empereur avec un coup d’État en 1974. Il fut condamné pour génocide, par contumace à la réclusion à perpétuité, puis en appel, à mort le 26 mai 2008.
Au pouvoir, Meles Zenawi, adopte une position ferme contre le militantisme islamiste dans la région, une position qui a gagné les éloges de puissances occidentales, tout en supprimant ses opposants politiques qui lui valent des critiques de plusieurs.
Malgré une croissance économique qui a à peine baissé en dessous de 8 pour cent par an entre 2004 et 2011, l’Éthiopie demeure un pays qui a du mal à partager sa richesse avec le peuple. Les opposants Meles Zanawi disent que la suppression de la dissidence a tenu le pays à l’écart du réel progrès.
Le vice premier ministre Haile Mariam Dessalegn a été nommé comme son successeur. « Il nous a quittés, mais, nous nous efforcerons de poursuivre sa vision de transformer le pays », a déclaré le nouveau numéro un dans un discours à Mesqel adebabay. Il a ajouté que M. Zenawi serait enterré dans un mausolée dans un centre de recherche et un musée serait édifié en son honneur.
L’ex-chef de l’Éthiopie a su tisser des liens d’affaires étroits avec l’Inde et la Turquie, ainsi que la puissante Chine. Il a contribué de façon importante à la sécurité régionale. Par deux fois, il envoie des troupes en Somalie pour combattre les rebelles islamistes. Il déploie des Casques bleus éthiopiens dans plusieurs points chauds africains comme le Rwanda, le Libéria et au Darfour.
Susan Rice, l’ambassadrice américaine à l’ONU, décrit Meles Zenawi comme étant un homme sans prétention et direct. « Il ne manquait pas d’occasions où comme gouvernements et amis, nous étions tout simplement, profondément, en désaccord », s’exprime-t-elle dans son discours à Meskel. « Mais même pendant que nous débattions, que ce soit sur l’économie, la démocratie, les droits humains, la sécurité régionale ou nos politiques étrangères respectives, j’ai été frappé par deux choses; Meles fut constamment raisonné dans ses jugements et réfléchies dans ses décisions. »
Les dirigeants africains qui ont assisté à ses funérailles inclus le président sud-soudanais Salva Kiir, du Soudan, Omar el-Béchir, du Nigeria, Goodluck Jonathan, de l’Ouganda, Yoweri Museveni, du Kenya Mwai Kibaki et de l’Afrique du Sud Jacob Zuma.
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