L’art a besoin ou de la solitude, ou de la misère, ou de la passion, gravait intemporellement Alexandre Dumas fils dans le fil du temps. Né en Haïti, résidant au Canada depuis presque 15 ans, Manuel Mathieu possède ce génie artistique qui fascine les foules.
Solitude, Étude de la Vulnérabilité, Rédemption, Amnésie chacune de ces toiles porte en elle une humanité féconde de fantaisie, d’illusions et de désillusions, de mouvements et de retenus. Les titres des toiles importent beaucoup pour l’artiste haïtiano-canadien. « Le titre peut être extrêmement loin de l’œuvre, mais il y a toujours une connexion. Quand il y a des œuvres qui sont plus personnelles comme Solitude la connexion est directe, pour d’autres comme Naked Truth et Frontière, c’est plus élaboré [… ] J’ai appris cela il y a plusieurs années, d’être conscient de l’impact que le titre peut avoir. » partage Manuel Mathieu dans une salle du Musée des Beaux-Arts de Montréal ( MBAM), mardi le 15 septembre 2020, devant un parterre de chroniqueurs, endroit qui d’ailleurs accueillera au 1380 rue Sherbrooke Ouest, l’exposition Survivance du 17 septembre 2020 au 28 mars 2021.
Homme au regard inquisiteur, Manuel Mathieu se livre totalement dans son art. « Il y a beaucoup d’œuvres qui deviennent des autoportraits quand je suis au milieu du processus » se confie l’artiste. Ses pièces transportent des états d’âme qui aspirent le spectateur au cœur de la toile. Une toile souvent teinte de couleurs vives par le rose, le mauve, un faux bleu, un blanc cassé, amalgamé à de l’encre, du silicone et même de l’intime poussière de son studio.
Haïtien de naissance, Manuel Mathieu, né en 1986, année qui marque la fin de la dictature des Duvalier en Haïti, débarque dans la banlieue montréalaise à l’âge de 19 ans accompagnés, entre autres, de sa grand-mère, Marie-Solange Apollon à qui il dédira un fonds (le premier créé par un artiste canado-haïtien) consacré à l’acquisition d’œuvres d’artistes canadiens sous-représentés. Leila Zelli, une artiste native de Téhéran est la première artiste à bénéficier de ce fonds.
Aujourd’hui, à 33 ans, bientôt 34, Manuel Mathieu, artiste peintre, maitre de l’abstrait, est déjà dans la mire de grands collectionneurs d’art. Ce diplômé du Goldsmiths College, l’un des 18 établissements d’enseignement supérieur qui composent l’Université de Londres, a déjà exposé en Angleterre, Belgique, en Chine, en Espagne, au Maroc et bien sûr en Haïti. D’ailleurs, Manuel Mathieu est très critique envers cet état insulaire de la Caraïbe, premier pays indépendant noir, qui , a son avis ferme les portes de l’art au peuple par son approche verticale de l’art, « un privilège en Haïti » glisse l’artiste Noir.
Haïti n’a jamais quitté les visions de Manuel. « Depuis quelque temps je suis en train de m’éloigner de l’héritage occidental pour parler, peut-être, des mêmes choses, mais sous un angle différent. » explique Manuel qui admire un autre peintre haïtien: Jasmin Joseph. La toile St Jak, faite par Manuel Mathieu à partir d’une photographie en témoigne largement. Une Haïtienne embouée, des animaux, une cérémonie vaudou sont une image positive pour le peintre qui redore sa négritude sur la scène mondiale. « Moi je ne suis pas pratiquant. Ma perspective c’est que, que ce soit du vaudou, de la franc-maçonnerie, le christianisme, tous, ils ont la même quête, de se connecter avec les esprits, de se connecter avec Dieu. Comme je suis né en Haïti, je suis sensible à cela. Je ne suis pas indifférent par rapport à cet héritage là.»
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