La rencontre de l’homme noir avec son congénère blanc était souvent malencontreuse. Serait-il judicieux de rappeler la veulerie de ce dernier lors du commerce triangulaire pour faire de son vis-à-vis une marchandise, ou lors du déferlement colonial pour lui spolier ses biens ou alors la discrimination raciale dont souffre l’homme de couleur dans les sociétés interraciales?
La puissance militaire et technologique des sociétés occidentales est considérée parmi les raisons principales d’un sentiment de hauteur et de supériorité chez le Blanc; même dans le subconscient de ceux qui ont les meilleures prétentions parmi ces derniers. Un sentiment dont ils n’arrivent pas à se défaire vu l’écart du prestige, mais surtout par l’ordre immuable du système capitalisme libéral qui interpelle un féodalisme dominé par des seigneurs Blancs. Devant le complexe de supériorité, se dresse le complexe d’infériorité chez le Noir appartenant généralement à classe ouvrière marginalisée qui peine à disposer de ses droits d’égalité et de considération. De ce fait, une hiérarchie s’installe entre les deux races pour aboutir à une société compartimentée séparant les dominants des dominés.
Cette disparité raciale ne date pas d’hier. Un retour vers le passé impérialiste de l’occident fait valoir ces propos. Dans chaque pays conquis, l’administration coloniale intime à ses ressortissants l’ordre de garder leurs distances et de maintenir leur statut de supériorité vis-à-vis des aborigènes même si, théoriquement parlant, ils sont leurs concitoyens. C’est ce que confirme l’aveu d’un administrateur colonial qui affirme que quelques soient les sentiments à l’égard de l’indigène, quand l’un d’eux semble vouloir relever la tête, je la lui rabaisse avec brusquerie […] je veux bien dire, moi : « vous avez les mêmes droits que nous. » Mais quand, eux, ils disent : « nous avons les mêmes droits que vous… », halte-là ! [1]
Aujourd’hui, les choses ont évolué…mais pas assez. Encouragés en cela par une société compartimentée, conformiste et rigide, les Blancs vivent à l’aise dans leur monde supérieur où le Noir s’efforce à trouver une place. Et le capitalisme sauvage ne lui rend les choses que plus difficiles. S’il en trouve une, ce serait comme employer par milliers dans tous domaines pour développer la richesse au service d’une minorité propriétaire des multinationales sans en bénéficier.
L’objectif de cette minorité ne se limite pas à posséder le capital, il est encore plus dominateur. Le système éducatif par exemple est soigneusement conçu pour en servir les intérêts et maintenir cette classe capitaliste monopolistique de la richesse avec une armée de travailleurs à son service en propageant la mentalité de consommation sans laquelle le capitalisme perdrait énormément ; ou en enracinant la pensée défaitiste qui tue l’ambition ou alors en généralisant ce « modèle de vie » selon lequel il faudrait avoir un travail ou une voiture à un certain âge et se marier à certain autre; ce qui pèse sur les jeunes et influence leur choix pour opter finalement à des études qui donneront accès à un travail « docile » leur permettant d’atteindre leurs objectifs. De ce fait, la prochaine génération n’aura plus l’ambition du travail libre qui pourrait créer des concurrences ou mettre en danger ses intérêts.
Il en est de même pour le domaine de la santé. Le système libéral garantit les soins au plus payant. Les inégalités dans le domaine sanitaire sont énormes. Les soins dentaires d’une personne de quartier démuni sont-ils pareils à ceux de celui d’une classe sociale aisée ? Certainement pas, sans parler des molécules qui déterminent la qualité d’un médicament et en déterminer par conséquent le prix et le marché. La thérapeutique progresse à l’aune de l’économie et la pandémie du COVID19 en est la meilleure démonstration.
A chaque action il y’a une réaction égale ou opposée. C’est ce que nous indique la troisième loi de Newton. Avec ce capitalisme sauvage, il n’y a pas de justice sociale, la révolte se révèle plus violente. Or ce n’est que la contrepartie qui se manifeste après des longues décennies de privation des droits usurpés et empiétés par ses compatriotes du premier choix… Il est temps que ça s’arrête.
[1] Henry Montherlant, Rose de Sable, cité par. : Anthony Mangeon, Les colonies sont faites pour être perdues, Les Cahiers de la SIELEC N°6 : Le désenchantement colonial, Ed. Kailash, Pondichéry, 2009, p. 92.
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