On a tous la vague impression que le ballet classique est réservé aux Blancs. Que leurs têtes d’affiche ne sont choisies que pour perpétuer un idéal, conforter les élites blanches dans une de leurs dernières tranchées. Eh bien, vous ne rêvez pas. C’est l’apparente conclusion de Benjamin Millepied, le conjoint de l’actrice hollywoodienne Natalie Portman.
« Il y a une mentalité qu’une ballerine noire au milieu d’un cortège de cygnes blancs changerait d’une manière ou d’une autre l’harmonie. » disait le danseur de ballet cubain Carlos Acosta.
Ce visible constat n’est pas une paranoïa collective, ni une allusion de quelque statisticien autoproclamé en quête de popularité. Cette fois-ci , c’est un Blanc qui récite ce même refrain. Benjamin Millepied est né en France, puis il s’est extradé aux États-Unis pour devenir premier danseur du New York City Ballet (NYCB), de là il devient chorégraphe, puis directeur du ballet de l’Opéra de Paris, fondé 1669, une des plus anciennes écoles du genre.
En février 2016, à la surprise générale, le chorégraphe démissionne de son poste au ballet de Paris pour des raisons qu’ils annoncent être personnelles en laissant couler dans une conférence de presse : « J’ai réalisé qu’il est trop difficile de transformer cette {organisation} en ce que je pense être le plus pertinent pour le ballet aujourd’hui. »
Tout cela devait dormir jusqu’au moment où un documentaire, Relevé, éclaire le public sur les motifs un peu plus sombres de cette soudaine démission.
Dans le documentaire français, Benjamin Millepied, fils d’un danseur contemporain, teint la vénérée institution française, qu’il a dirigée en 2014 de caduque, toutes ces têtes blanches qui tirent les ficelles le l’organisation de déconnectés. Plus encore, il s’est dit horrifié du racisme qui y a perduré.
« J’ai entendu très clairement en arrivant qu’on ne met pas une personne de couleur dans un corps de ballet parce que c’est une distraction : c’est-à-dire que, s’il y a vingt-cinq filles blanches avec une fille noire, on ne va regarder que la fille noire. Un corps de ballet, tout le monde doit être pareil; pareil, ça veut dire que tout le monde doit être blanc.», déclare-t-il dans le film.
Benjamin Millepied s’est vu confronté avec la réalité de l’hypocrisie de l’élite blanche française. Une caste fermée, richissime, dont l’idée du ballet se console dans le génie des toiles de Degas, en profitant sans mesure des gens qu’ils aplatissent par leur capitalisme à sens unique. « C’est une énorme connerie de dire ça. Il faut que je casse cette idée qui est raciste. Comment on va changer le public du ballet si l’on n’a pas des gens sur scène dans lesquels le public peut se reconnaître? » poursuit-il.
Cette apologie artistique au concept nazi ne se terre pas uniquement dans le vieux continent. Misty Copeland une ballerine américaine en sait quelque chose. Première Noire à être première danseuse dans la compagnie du corps de ballet de l’American Ballet Theatre (ABT) en 2001, seule Noire d’ailleurs dans ce corps de ballet en son temps, elle a du faire face aux préjugés racistes qui lui ont causé son isolement. « Le ballet est une forme d’art traditionnel historique que les gens ont peur de réformer », a-t-elle avoué dans une interview au New York Magazine. » Mais je pense qu’il le doit s’il veut perdurer dans le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Il est difficile de changer les idées des gens quand ils ne savent pas consciemment qu’ils sont racistes, ou ont des idées racistes.»
Pour changer ce prétendu désir d’uniformité de ces yeux qui toisent la différence, la pulsion doit nécessairement venir des artistes, de l’art dans toutes ses formes, qui impose son voile sur nos réalités.
Au printemps 2016, le roi de la chaussure luxueuse, Christian Louboutin, proposait un soulier, la collection « Nude » (Nue) qui épousait enfin harmonieusement la couleur de peau de toutes les femmes. Cette initiative, loin d’être anodine, explique bien la situation marginale des Noirs dans nos sociétés occidentales. Encore aujourd’hui, tous les sous-vêtements couleur peau sont presque exclusivement d’un beige saumon, de même pour tout ce qui doit se marier à la couleur de la peau, comme les pansements.
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