Mercredi dernier, le Parlement ougandais a voté la mise en place d’une nouvelle taxe sur les médias sociaux, limitant bar la bande l’accès à des applications telles que WhatsApp, Facebook et Twitter.
La nouvelle taxe sur les médias sociaux entrera en vigueur le 1er juillet 2018. Selon la BBC, les taxes seraient une tentative du gouvernement ougandais pour aider à alléger la dette du pays. De plus, le président Yoweri Museveni, qui est au pouvoir depuis 1986, a plaidé en faveur de la taxe en disant que les médias sociaux « encourageaient les commérages ».
Avec cette « taxe sur les commérages », comme l’appellent à juste titre les Ougandais, les activistes affirment que c’est une autre tentative du président Yoweri Museveni d’étouffer la liberté d’expression et d’annihiler la dissidence de son éternel règne de 32 ans puisque le gouvernement avait déjà bloqué l’accès à Facebook, Twitter et WhatsApp lors de la dernière élection générale en 2016 prétextant de vouloir mettre un frein à la propagation de mensonges.
Selon Reuters, la nouvelle taxe facturera aux utilisateurs de médias sociaux 200 shillings (0,07$ CAD / 0.05 euro) par jour. Si un citoyen utilise quotidiennement les médias sociaux, il dépensera environ 25 $ par an, soit environ 3 % du revenu moyen d’un Ougandais. Le revenu moyen d’un individu en Ouganda est d’environ 800 $ canadien (530 euros).
Le nouveau projet de loi a été perçu négativement parce qu’il limiterait la liberté d’expression. Dans une interview, Livingstone Sewanyana, le fondateur et chef de la direction de la Fondation pour les droits de l’homme (FHRI), une organisation de la société civile ougandaise, a déclaré que la nouvelle taxe « ne nuira pas seulement à ceux qui critiquent le gouvernement, mais même aux innocents. Cette taxe vise à exploiter les populations locales. C’est de la diversion, de la tromperie et un fardeau pour les gens. »
Les membres du Parlement ougandais défendent la nouvelle taxe, déclarant qu’elle ne sera pas lourde pour les utilisateurs des médias sociaux. Dans une interview accordée à CNN, le porte-parole du Parlement, Chris Obore, a déclaré: « Il s’agit simplement d’une taxe qui redistribuera l’argent, car le gouvernement cherche à obtenir des fonds de ceux qui doivent financer des projets. La taxe est très basse. »
Robert Kyagulanyi, membre du Parlement, a commenté : «Le régime a tellement peur de cette population si connectée et si informée. Tout est exposé chaque jour sur les réseaux sociaux, toute la décadence de la gouvernance dans toutes les institutions. On les diffuse tous les jours sur les réseaux sociaux, et dans le but de réduire les médias sociaux, ils les taxent et je crois que beaucoup plus sera fait pour restreindre l’usage des médias sociaux en Ouganda. »
On peut être pour ou contre cette initiative du gouvernement ougandais, mais on peut nier l’influence des réseaux sociaux lors d’élection. Souvenez-vous du célèbre scandale Facebook / Cambridge Analytical d’il y a quelques mois, qui a permis à Cambridge Analytical d’endoctriner 87 millions de comptes Facebook de fausses nouvelles. Ces idées fourbues auraient été répandues dans le monde entier, y compris pour des élections au Kenya et au Nigeria. Eh bien, qui sait, si dans un pays comme les États-Unis, si on avait seulement contrôlé l’accès aux médias sociaux d’une manière ou d’une autre, dans les mois et les jours qui ont précédé l’élection présidentielle, une personne différente aurait pu bien être à la Maison Blanche aujourd’hui?
En Ouganda, 40 % de la population, 16 millions de personnes, utilisent Internet. L’Ouganda n’est pas le seul pays à restreindre l’accès au contenu numérique. Le Kenya a récemment signé une loi criminalisant les fausses nouvelles, créant une certaine méfiance à l’égard de l’affichage sur les médias sociaux et d’autres plateformes en ligne.
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