La police soudanaise a intensifié la répression visant à étouffer les manifestations antigouvernementales qui ont commencé à se répandre dans les deux dernières semaines. Les manifestants se disent excédés par des mesures d’austérité et exigent la démission du président de longue date, Omar el-Béchir.
La police antiémeute soutenue par des agents de sécurité en civil a attaqué de nombreuses mosquées le vendredi, à l’aide de gaz lacrymogènes et de matraques pour disperser des centaines de manifestants alors qu’ils tentaient de marcher sur Khartoum, la capitale, selon le groupe d’activistes, Sudan Change Now qui prône un changement de régime depuis le mois de janvier 2010.
Des agents de sécurité ont également perquisitionné le bureau local de l’Agence France Presse à Khartoum et arrêté un correspondant local qui avait pris des photos d’une protestation qui a eu lieu vendredi dans la ville de Omdourman, la plus grande ville du Soudan. Les agents ont spécifié amener Talal Sa’ad aux bureaux du Service national du renseignement et de sécurité situé à Bahri. Le journaliste de Al Tayar fut relâché deux heures plus tard.
Mardi dernier, Salma Al Wardany, une Égyptienne dédiée à l’agence de presse Bloomberg fut déportée après avoir tenté de couvrir le mouvement des protestations.
La semaine dernière Simon Martelli un correspondant de AFP fut mis aux arrêts plus de 12 heures pour avoir pris de photos et discuter avec des étudiants de l’Université de Khartoum.
« Ils (la police) ont changé de tactique, ils attaquent maintenant les gens avant qu’ils aillent dans les rues » selon un porte-parole pour le Sudan Change Now.
La répression policière durcissante souligne le désir de M. Béchir de freiner les protestations et dissiper la dissidence croissante au sein de sa coalition du parti au pouvoir, occasionnée principalement par les difficultés économiques actuelles, après l’énorme perte des revenus du pétrole suite à la sécession du Soudan du Sud l’été dernier.
Au milieu de la critique internationale accrue de la répression soudanaise, le ministre des Affaires étrangères du Canada John Baird a déclaré vendredi qu’il était « préoccupé ».
« Nous condamnons les arrestations de blogueurs, journalistes et militants politiques qui ont eu lieu au cours de la semaine dernière et demandons leur libération immédiate. »
« Nous demandons au gouvernement de comprendre l’importance de mener à bien un processus de réforme véritable et inclusif qui répond aux véritables besoins et intérêts du peuple soudanais », ajoute le politicien canadien.
Les protestations mettent le gouvernement de M. Béchir sur les talons alors qu’il marque sa 23e année au pouvoir aujourd’hui. Les manifestants ont prévu souligner l’évènement à leurs manières. Contrairement aux anniversaires précédents, le gouvernement n’a pas annoncé s’il y aurait une cérémonie officielle par l’État d’Afrique du Nord d’ici vendredi.
Bien que les protestations ne rassemblent pas encore une foule assez nombreuse qui a su faire tomber des régimes dans d’autres pays arabes comme la Tunisie, l’Égypte et la Libye l’année dernière, leur persévérance à la face d’une répression policière meurtrière reste une menace pour M. Béchir, qui est lui-même arrivé au pouvoir par des manifestations de la rue et un coup d’État militaire en 1989.
Pendant les deux dernières semaines, des centaines de manifestants excédés par des coupes drastiques des dépenses du gouvernement se sont frottés aux policiers en chantant des chants de liberté. Les protestations se sont étendues à plusieurs villes en dehors de la capitale, et pourraient s’étendre. Le gouvernement appauvri du pays qui a déjà du mal à contenir les rébellions armées dans les États frontaliers du Darfour, du Sud-Kordofan et du Nil Bleu.
Des témoins ont dit qu’un certain nombre de fournisseurs de services Internet ont stoppé l’accès à la toile vendredi matin devant les protestations, surnommées « lécher le coude », une figure de style évoquant l’impossibilité de l’action.
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