Dans le cadre du Mois de l’Histoire des Noirs 2015, La Table Ronde de l’organisation invitait les Montréalais(es) à une projection du documentaire de 1994, Malcolm X: Make It Plain. Ce rappel historique marque également les cinquante ans de l’assassinat du militant controversé.
C’est au Montréal, arts interculturels (mai) que se sont entassés les curieux de cet homme qui n’a laissé personne indifférent. Durant les 150 minutes du doc, tous les yeux étaient rive sur l’écran, bouches muettes, on aurait pu y entendre une mouche voler.
Suite à la projection, c’est Roger A. Muhammad, un membre actif de la Nation of Islam qui tentait d’apporter son point de vue de la fin dramatique de X et Donald Cucciolleta, un historien au bagage impressionnant qui a éclairé l’audience sur les aspects historiques, voire culturelle, du documentaire américain.
Le film, expéditif, bourré de témoignages nous informe de la vie du jeune Malcolm Little pour évoluer vers le Malcolm X, le défenseur décidé, ferme, coriace des Afro-Américains. Ainsi, on apprend que le jeune Little est un écolier modèle, président d’une classe de Blancs, un petit malin. Mais être « Malin » pour un Noir était périlleux. Les Blancs y voyaient danger dans l’instruction des minorités noires.
Suite à la mort « accidentelle » de son père par une automobile, la discipline familiale est relâche par une mère monoparentale de sept enfants. La mère du jeune Little devra être internée pendant 26 ans. Une vie de crimes s’en suit pour l’enfant rebelle, la prison est inévitable.
C’est dans les murs qu’il lit Shakespeare, du Bois, Gandhi, la Bible, le Coran… D’ailleurs, comme Jésus, ses discours seront empreints de paraboles. Un Jésus qui habite ses discours, puisqu’il affirmera : « Si Jésus, un homme accusé de sédition venait, il irait aux Noirs, aux humbles, pas aux oppresseurs blancs. » Alors les Blancs, esclavagistes chrétiens qui lynchent les Noirs deviennent dans ses paroles, des satans, des diables. Le Dieu Noir, qui lui ressemble, plus proche de sa réalité, lui sera proposé par la Nation of Islam.
Le 7 août 1952, libre, il rejoint les rangs des Black Muslims, la Nation of Islam, mouvement peu connu alors, fort de 400 membres. Devenu Malcom X, le mouvement de Elijah Muhammad prendra un essor sans précédent et Malcolm beaucoup de place. En 1959, des millions de New Yorkais découvrent avec stupéfaction par un documentaire à la télévision la Nation of Islam. Ils conçoivent pour la première fois, ébahies l’alternative radicaliste du mouvement des droits civiques incarné par Malcolm X.
Malcolm X qui tient la Nation of Islam du bout des bras, ou plutôt de tout son souffle, a des idées bien arrêtées sur l’inclusion des Afro-Americains. Il prône la séparation du Noir et du Blanc et cherche à y arriver par la voie de la justice et surtout par celle d’une idéologie qu’il tente savamment d’expliquer a ses disciples. Il explique que le Noirs est brutalisé, non pas parce qu’ils sont chrétiens ou musulmans, peut importe leur religion, mais a cause uniquement de leur couleur de peau.
Les dissensions s’accentuent avec Elijah Muhammad, la tête du mouvement des Black Muslims, qui lui avance que le peuple noir est le peuple élu et sera sauvé par Dieu tandis que Malcolm X tente de faire les choses concrètement, par ses moyens et par les discours virils qu’il donne à ses nombreux auditeurs emballés. M. X dira a propos de Martin Luther King, qui lui vise une intégration complète du Noir, que lui n’a pas le temps de rêver…
Le 8 mars 1964, c’est la fracture. Malcolm X se sépare de la Nation of Islam pour fonder son propre mouvement. Le torchon brûle entre X et Muhammad. Malcolm X déclarera : « Elijah Muhammad n’aime pas les Noirs, il aime son propre pouvoir ».
De là, le documentaire tente clairement de démontrer l’importance de l’implication de mouvement de Nation of Islam dans l’assassinat du leader noir. Très probable selon les faits, mais, allez, faites-vous en une idée par vous-même en lisant et découvrant le parcours complexe de ce géant qui a donné jusqu’à sa vie pour élever, défendre, guider celle des Afro-Américains.
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