Après la tempête qui vient de le secouer, Guy Mushagalusa Chigoho peut enfin respirer et profiter de la soirée de collecte de fonds organisée ce jeudi au profit de sa galerie, l’Espace Mashagalusa. Le défi de collecter avant minuit, un minimum de 12000 $, pour payer le retard d’un mois et demi de loyer a été relevé. Faute de quoi, il aurait été obligé de libérer les lieux le lendemain avant midi.
Alors qu’il pensait que l’Espace Mushagalusa, la galerie d’art africain qu’il a fondé et financé sur fonds propres depuis 2014, allait bientôt mettre la clé sous la porte pour défaut de paiement d’un mois et demi de loyer, Guy Mushagalusa Chigoho, a été surpris par l’élan de solidarité qui s’était tissé autour de lui pour sauver la galerie.
Les artistes et les musiciens, habitués à fréquenter la galerie depuis des années, ont décidé de créer le collectif, Les amis de l’Espace Mushagalusa pour collecter les fonds nécessaires. Ils ont lancé sur la toile une campagne de collecte de fonds et organisé ce jeudi une soirée moyennant une participation individuelle de 20$ ou plus. « Quand on a su que l’espace allait fermer pour une question d’argent, nous n’avons pas hésité à nous engager » nous raconte Mayamba Luboya, un des membres fondateurs du collectif.
« J’étais sur le point de craquer, c’est grâce à eux que j’ai pu tenir, ils m’ont rendu fort et beau » déclare tout ému Guy Mashagalusa Chigoho, quand il réalise que les 12000$ avaient été collectés.
Afrique, mon Afrique !
C’est dans une ambiance musicale aux vibrants sons d’Afrique, avec des chansons telles que « Amiwo » de Bebe Manga, que de nombreux musiciens issus de la diaspora tels que Mona Muse, Naxx Mulumba, Donald Dogbo, Niakale, Abéna Antagana, Elete Rimtobaye, Paul Regem, et bien d’autres se sont succédé sur scène pour exprimer leur solidarité.
La styliste Bobette NL a offert deux créations de sa marque UZURI et s’était improvisée, hôtesse d’accueil. Quant à Diogène Ntirandekura, il faisait office de maître de cérémonie.
En seulement quatre jours, l’objectif a été atteint « C’est la preuve que quand les noirs se mettent ensemble pour travailler, on peut accomplir des miracles » dit Mayamba Luboya
On pouvait lire sur chaque visage la fierté de faire partie de la grande famille des amis de l’espace Mushagalusa, et d’avoir ainsi contribué à sauver, cet espace qualifié à l’unanimité d’unique et de rare sur Montréal.
Un lieu d’exception
Créé en 2014, pour promouvoir l’art africain et les artistes de la diaspora africaine, l’espace Mushagalusa est devenu au fil des années, le lieu de rassemblement, de débats d’idées et d’échanges culturels des africains de Montréal. Pour Zab Maboungou, chorégraphe et directrice artistique de la compagnie Nyata Nyata, « l’espace Mushagalusa est un lieu fantastique impliqué auprès de la communauté artistique de Montréal, je ne peux que soutenir. »
Même son de cloche du côté de Karla Etienne, la directrice adjointe de la compagnie Nyata Nyata « l’espace Mushagalusa nous est précieux, car il représente plus que dignement l’art africain. C’est également un lieu de rassemblement unique dont nous avons grandement besoin. Je souhaite ardemment la pérennité de ce lieu. »
Quant à Yvette Mongo, adjointe à la programmation du festival Vues d’Afrique « Perdre ce lieu, serait une gifle sur le plan culturel et artistique pour la communauté noire de Montréal. Il fait notre fierté, c’est un point d’ancrage pour les artistes et les Afro-Caribéens. »
Tchana Bernadette, une parisienne, de passage à Montréal et passionnée d’art africain est impressionnée par la capacité de la communauté noire de Montréal à avoir réussi une telle prouesse dans un délai aussi court « C’est louable d’arriver en quelques jours à faire une telle levée de fonds. » Probablement, une façon de pointer le manque de solidarité souvent décrié au sein de la communauté noire de France.
Plus jamais ça!
Pour que cela ne se reproduise plus jamais, Guy Mushagalusa Chigoho, compte réunir très prochainement des personnes ressources pour ne plus avoir à travailler seul. Cette situation a été pour lui un choc et même s’il s’en sort bien grâce à l’excellente réputation de la galerie et la mobilisation de la communauté noire, il souhaiterait revoir très rapidement son modèle d’affaires.
Il rappelle que les entreprises culturelles de cette nature sont très fragiles et sont tributaires des financements « en l’espace de quelques instants, on peut tout perdre, les milliers de dollars investis et le travail de toute une vie. Cela ne se reproduira plus » rajoute t-il.
Souhaitons une longue vie à l’Espace Mashagalusa situé au 533 Rue Ontario E, Montréal, QC H2L 1N8. Vous pouvez continuer à soutenir en envoyant vos dons à www.gofundme.com/sauvons-notre-espace-mushagalusa.
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