J’adore voyager. Pour moi, le voyage c’est une nécessité, un besoin vital. Partir me permet de m’énergiser, de retrouver celle que j’aimerais être tous les jours. Je reviens toujours pleine d’espoir et d’idées pour la suite de ma vie. Tous n’ont évidemment pas ce besoin de voyager. Chacun trouve son propre soleil derrière ses nuages. Je me questionne cependant sur l’intérêt du voyage chez les Noirs.
Durant nos expéditions, mon mari, éternel acolyte, et moi n’avons pas nécessairement rencontré beaucoup de Noirs. Pourquoi cela? Est-on plus intéressé par le voyage dépendamment de la couleur de notre peau? Peut-on davantage se permettre de voyager selon notre ethnie? Les Noirs vont-ils davantage dans certaines destinations que les autres ethnies? C’est ce à quoi j’ai tenté de répondre dans ma petite réflexion sur le Voyage Noir.
Tout d’abord, il faut se demander pourquoi les Noirs voyagent-ils? Si je me fie simplement aux gens que je connais, je répondrais que les Noirs voyagent principalement pour visiter leur pays d’origine. Puisque je vis à Montréal, les Noirs que je connais, dont ma propre famille, sont ici parce qu’ils sont immigrants. La première génération peut avoir le besoin de retourner aux sources pour retrouver ce qu’elle a laissé derrière elle. Les générations suivantes semblent, quant à elles, en recherche d’elles-mêmes. La recherche existentielle passe parfois par le retour à une source qu’on n’a jamais vu, c’est un vrai pèlerinage. Cette réflexion m’amène donc à penser que les pays où il y a majoritairement des Noirs sont ceux vers lesquels notre communauté se tourne lorsqu’elle veut voyager.
Quant à la question, peut-on davantage se permettre de voyager selon notre ethnie, je répondrais que oui. Oui, parce que malheureusement, les Hommes discriminent énormément. Déjà, il est plus simple de voyager quand on est un homme qu’une femme. Bien que tous doivent faire attention à leur sécurité, on ne se cachera pas que celle des femmes est fragile à bien des endroits dans le monde. Rajoutez à cela la couleur de peau et le racisme bien vivant qui peut se ressentir entre les membres d’un même peuple. Dans de nombreuses communautés, plus on est foncé, moins on est considéré. On ne pense alors pas à aller au bout du monde quand le coin de la rue peut être dangereux.
Finalement, je ne crois pas que l’on soit plus intéressé par le voyage selon la couleur de notre peau. Je crois simplement que les réflexions qui doivent être réalisées ne sont pas les mêmes quand on est Noir et qu’elles peuvent être si lourdes que certains d’entre nous laissent tomber l’idée de voyager à cause de la charge anxiogène que tout cela amène. Je comprends cette réflexion, mais si on ne va pas frapper à la porte de l’Inconnu, on ne sera jamais le bienvenu chez lui. Le voyage Noir s’est passé outre ce que l’on peut penser de nous pour aller mettre de la couleur là où on ne s’y attend pas.
Mais le besoin de voyager ne s’inscrit peut-être pas en Nous à cause d’un mal qui se serait peut-être greffé à notre ADN : le déracinement causé par l’esclavage et la colonisation. Cette réflexion serait-elle exagérée ou bien plus simple que tous les remue-méninges possibles sur ce sujet?
Je vous laisse sur cette question jusqu’à notre prochain voyage ensemble.
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