La présidente malawite, Joyce Banda se mets à contre-courant de la position africaine et décide de ne pas accueillir le sommet de l’Union africaine (UA) en juillet prochain à cause de l’insistance de l’UA que la réunion des hommes d’état africain doit accepter la présence du président soudanais, Omar el-Béshir qui fait face à un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre au Darfour.
La décision prise par le gouvernement de la République du Malawi d’annuler le sommet de l’Union africaine à l’intérieur de ses frontières a été reçue de façon mitigée.
Les ONG malawites de leurs côtés font appel à la communauté internationale, y compris tous les pays africains et l’Union africaine dans leur ensemble pour faire le nécessaire afin d’être des agents de la justice et non pas de protéger et de donner l’immunité aux présumés criminels. Ils applaudissent des pays comme la Zambie, l’Afrique du Sud et le Botswana qui en ont clairement exprimé que le président Omar el Béshir n’est pas le bienvenu sur leurs territoires. « Dans la même veine, nous demandons instamment à l’Union africaine de prendre une mesure audacieuse pour condamner et isoler Omar el Béshir plutôt que d’être considéré comme un partisan de l’impunité ».
Ils ajoutent,qu’ils exhortent le gouvernement du Malawi et les groupes de la société civile à ne pas boycotter l’UA, mais plutôt de se rendre en Éthiopie et de participer pleinement au sommet. Les dirigeants des sociétés civiles encouragent la présidente Joyce Banda à conserver la position du Malawi en condamnant ouvertement Omar el Béshir.
Ils font également appel à tous les pays africains qui ont signé le Statut de Rome, de défendre et respecter la détermination de la Cour Pénale Internationale. « À cet égard, nous exhortons tous les États africains à continuer de mettre davantage de pression sur Khartoum en fermant leurs frontières au Président Omar el Béshir », ajoutant au passage que les pays qui ne font toujours pas parties du Statut de Rome comme le Soudan, de le ratifier.
C’est ici que la thèse du Malawi ne tient plus la route. Pour que la CPI soit créée, il fallut qu’un minimum de soixante pays ratifie le Statut de Rome, qui fut signé le 17 juillet 1998. Ce quorum fut atteint le 11 avril 2002 lors d’une cérémonie à l’ONU où dix États le ratifièrent en même temps. 33 des 54 états membres de l’UA sont signataire, mais il y a de grands absents; la Russie, Israël, l’Inde, la Chine et les États-Unis… La principale raison de ces États est la crainte de voir la CPI être utilisée contre eux à des fins politiques.
Les Malawites continuent sur cette poussée : » Pour les pays africains qui sont en mesure d’accueillir le président soudanais ou de lui permettre de visiter leur pays, ils doivent comprendre qu’ils contribuent indirectement à la guerre soutenue contre l’humanité au Darfour. ” Ces paroles pèsent lourd. En juin 2011, la Chine recevait en grandes pompes le président soudanais avec un tapis rouge. » Les sociétés pétrolières chinoises et leurs partenaires ont des projets majeurs au Soudan et au Soudan du Sud. Leurs droits et intérêts légitimes méritent une protection substantielle« , déclarait le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Liu Weimin lors d’une conférence de presse.
En contextualisant cette décision, nous ne pouvons ignorer la coïncidence de l’appel fait lundi par le procureur en chef de la CPI, Luis Moreno-Ocampo. Il stipule que les pays qui ne contribuent pas à l’arrestation du président el Béshir se verraient couper leurs aides financières. Le système de la carotte. Était-ce que la décision malawite est motivée par une crainte de sanctions possibles la CPI?
Ce faisant, le Malawi de Joyce Banda rejette l’organisme continental africain qui, en 2009 a déclaré qu’il ne respectait pas le mandat de la CPI et a même demandé à l’Organisation des Nations Unies de la suspendre.
Le Bénin, qui préside actuellement l’UA a indiqué le mois dernier que l’UA ne voyait aucune raison de restreindre le président soudanais au sommet. C’est pourquoi l’UA a insisté pour que le Malawi invite tous les dirigeants africains.
L’annulation du Malawi d’organiser le sommet est la résultante des pressions incessantes de la communauté des bailleurs de fonds sur un nouveau chef africain, et, porte un grave coup à la fondation et au maintien des principes d’un bloc panafricain. Dans cette pensée, nul ne devrait dicter au Malawi, qui devrait entrer ou non dans son pays.
Malgré le déplacement du sommet vers Addis-Abeba, est-ce la fin de cette ingérence? Alors que certains affirment que le Malawi protège ses intérêts en tant qu’État souverain, nous sommes en droit de nous demander si ces intérêts excluent sa position en tant qu’État membre de l’Union africaine.
Il y a seulement deux ans, le Malawi trônait à la présidence de l’UA à travers du feu président Bingu wa Mutharika qui prenait le siège de Mouammar Khadafi. Après un différend diplomatique avec l’Occident qui comblait à la hauteur de 40 % les besoins budgétaires du Malawi, l’Occident décide de retirer son argent.
Lorsque Mme Banda a pris la tête de l’état d’Afrique australe, l’événement a été célébré partout parce qu’elle représente une seconde gouvernance au féminin dans le continent noir. Cette dimension du genre dans la politique de développement est essentielle.
La présidente Banda a agi rapidement afin de rétablir les relations avec la communauté des bailleurs de fonds pour le Malawi. Son gouvernement a obtenu des critiques favorables des Occidentaux et par les médias quand elle parlait publiquement en faveur des droits des homosexuels.
Elle touche par la bande une question cruciale, qui interroge : si l’Afrique a besoin d’aide de l’Occident, doit-elle respecter également ses politiques? Et tout ça, à quel coût pour le Malawi et l’Afrique? Comme un analyste l’a si bien dit, les frontières du Malawi seront toujours en Afrique, et non en Europe ou aux États-Unis. Comment l’UA réagira-t-elle? Le Malawi s’alignerait-il sur ses obligations continentales par opposition à celles de ses donateurs?
Malgré la crise qui fait rage sur la zone euro, l’UE, à travers un dialogue constant n’a pas rompu sa cohésion. L’UA se doit de rester unie et de mettre de l’avant ses propres priorités.
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