Le gouvernement sierraléonais a légalisé l’avortement dans le pays en vertu d’une nouvelle loi sur l’avortement annoncée le mardi 8 décembre 2015. Cette action annule la loi 1861 qui criminalisait la procédure, sauf dans les cas où la vie de la mère était en danger.
L’une des principales forces motrices derrière l’adoption de la nouvelle loi est qu’en Sierra Leone, selon l’Organisation mondiale de la Santé, environ une femme sur 70 meurt pendant ou peu après l’accouchement. Un tiers de ces décès sont le résultat de complications d’avortements non médicalisés, souvent menées par des personnes non formées dans un milieu insalubre voire dangereux.
Bien que le Président Ernest Bai Koroma doive encore promulguer officiellement la loi, en vertu de celle-ci, les femmes auront le droit d’interrompre une grossesse au cours des 12 premières semaines, après quoi, l’avortement sera autorisé uniquement dans les cas de viol, d’inceste ou de risque pour la santé du foetus ou celui de la mère. Les filles de moins de 18 ans pourront se soumettre à la procédure si elles ont la permission d’un parent ou d’un tuteur et pour terminer, les médecins non qualifiés qui entreprennent un tel acte feront face à une peine d’emprisonnement de quatre ans.
Pour arriver à ces conclusions, en 2011, l’Ipas (International Pregnancy Advisory Services), une ONG mondiale qui émergea des États-Unis dans les années 70, conjointement avec le ministère de la Santé sierra léonais ont mené trois études portant sur les grossesses non désirées et les avortements à risques qui révélaient que les grossesses non désirées et l’avortement à risques s’identifiaient dans toutes les régions de la République Ouest africaine comme étant un problème majeur.
« Pratiquement tout le monde en Sierra Leone connaît quelqu’un qui a été touché de près ou de loin par un avortement à risque. Les gens ont perdu leurs épouses, leurs filles, et leurs proches« , a déclaré Tucker Val d’Ipas, qui travaille pour faire progresser les droits sexuels des femmes.
Les études, qui comprenaient des évaluations de la charge et du coût d’avortements non médicalisés, ont constaté que le gouvernement de la Sierra Leone déboursait entre 112 000 $ et 230 000 $ (USD) chaque année pour du personnel et des fournitures médicales pour traiter les cas d’avortements. En revanche, avec des arrêts de grossesses plus encadrés dans un environnement sûr, le gouvernement économiserait 121 000 $ (USD) annuellement.
Depuis 2010, différentes organisations dans le pays tels que Marie Stopes International, plusieurs militants, politiciens et même la Première Dame, Sia Nyama Koroma qui possède une maitrise en Sciences à l’Université de Londres, ont poussé pour la réforme de l’avortement.
De l’autre coté du spectre, la Society for the Protection of Unborn Children (SPUC), une ONG britannique fondée en 1967, avance que ces études sont de la poudre aux yeux et n’ont aucune crédibilité. « Ce serait comme demander à l’industrie du tabac de mener une étude sur les bienfaits de fumer. » avance son président John Smeaton très au courant de l’industrie du foetus.
En avril 2005, le journal The Observer rapporte un trafic illégal de fœtus, y compris de fœtus de plus de 12 semaines, à destination de la Russie, où leurs cellules sont utilisées par des salons de beauté afin d’offrir des traitements cosmétiques illégaux, scientifiquement douteux, et même dangereux, à de riches clients en quête de cures de jouvence. En août 2006, le Daily Mail confirme ce sinistre trafic, vers la Russie, la République dominicaine et la Barbade, centres de tourisme médical pour de nombreux Britanniques et Américains aisés.
Encore plus tordu, en 2014 on découvre que l’un des principaux regroupements de planification familiale aux États-Unis, le Planned Parenthood, fondée en 1916 se vautrait dans un le commerce illicite de foetus avortés.
Mais, pour beaucoup, la loi sur l’avortement est utile pour réduire la stigmatisation et le traumatisme que les victimes de violences sexuelles dans le pays qui, il y a dix ans de cela était en pleine guerre civile avec plus de 200 000 morts pour le contrôle du diamant. Aujourd’hui c’est une occasion de sauver d’innombrables et d’inestimables vies de décès évitables.
La loi sur l’avortement, a été adoptée cinq mois après la Sierra Leone est devenue l’une des dernières nations d’Afrique de l’Ouest a signer le Protocole de Maputo qui en 2003, symbolisait l’engagement des États africains à mettre un terme aux discriminations et aux violences faites aux femmes. Cette réalisation met le pays ouest-africain à la pointe des réformes progressistes de lois sur l’avortement en Afrique, où il rejoint le Mozambique et l’Afrique du Sud. L’Afrique contient toujours le plus grand nombre de pays ayant des lois les plus sévères encadrant l’avortement.
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