Robert Mugabe. Depuis les année 80, le plus vieux dirigeant d’Afrique a aidé à libérer le Zimbabwe de la domination de la minorité blanche, a servi de symbole de l’autodétermination africaine en rebaptisant des villes, puis tenté la réconciliation avec les résidents blancs du pays d’Afrique australe.
Au bout de ses 93 ans, à l’aube de ses trois décennies de pouvoir ferme, l’indéboulonnable Robert Mugabe s’est visiblement fait éjecté du pouvoir, consigné à demeure par un putsch de l’armée, sous les ordres de Constantino Chiwenga et Sibusiso Moyo, qui ne semblent plus digérer plus les actions de l’autocrate zimbabwéen. Le chef d’État serait toujours Président du pays, selon la Constitution, mais il est sous contrôle des militaires qui prétendent vouloir jouer un rôle pacifique de tampon entre Mugabe et le prochain prétendant au pouvoir.
Depuis hier, une immense foule vindicative s’est réunie à Harare, capitale du pays, anciennement nommé Salisbury, nom Premier ministre britannique de l’époque. Cette ville centrale que Robert Mugabe, alors Premier Ministre, s’est fait un devoir de rebaptiser lors du deuxième anniversaire de l’indépendance en avril 1982 en hommage au chef tribal des Ne-Harawa, affiche aujourd’hui #MugabeMustGo (Mugabe doit partir).
Des milliers de gens, surexcités, ont donc convergé, encouragé par l’armée, vers la capitale pressentant la promesse d’un prochain chef d’État élu démocratiquement, un chef qui élèvera le peuple. Cette multitude est dans le même délire, la même jubilation, qu’il y a 37 ans, en 1980, lorsque dans les rues de Harare, les Zimbabwéens déclaraient avec effervescence leur indépendance.
Après avoir instauré des politiques qui embrassaient la majorité noire, l’homme d’État anticolonialiste s’est fait plusieurs ennemis, ouvrant la porte à des intérêts extérieurs puissants. Il s’est même fait menacé ouvertement d’une guerre par le Président Bush-fils, pour avoir entrainer l’expulsion des fermiers Blancs vers l’Australie, l’Afrique du Sud, favorisant l’accès des terres aux Noirs. En 2011, un câble de Wikileaks amenait au grand jour les intentions des Américains d’évincer Mugabe du pouvoir, complotant avec les seniors de son Parti, le ZANU-PF et les banquiers du pays. Un peu à la Castro, Robert Mugabe n’a jamais voulu quitter le siège du Président, mais les politiques de Mugabe ne furent pas à la hauteur du défunt leader Maximo. Les vents lui ont été contraires, ce qui glissa le Zimbabwe vers d’importantes instabilités économiques et la grogne croissante de ses concitoyens.
Avant l’apparent Coup d’État, le presque centenaire Mugabe voulait imposer sa femme, Grace Mugabe, au peuple comme prochain chef. Erreur, elle est aussi populaire qu’Hilary Clinton aux États-Unis. Actuellement Robert Mugabe serait en pourparler pour organiser son avenir, sans celui de son pays. Son propre Parti politique, le ZANU-PF, lui a tourné le dos et ont adopté une motion lui retirant leur confiance comme chef du parti. Un exil en Namibie a été soulevé.
Le Zimbabwe semble avoir définitivement tourné la page Mugabe, malgré que le chef de l’Union africaine (UA), Alpha Condé ait réclamé la restitution du chef légitime de l’État enclavé membre du l’UA. De son côté, le Président ivoirien, Alassane Ouattara assure qu’: « Il est temps que Robert Mugabe cède son fauteuil à une nouvelle génération. »
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