Le 31 décembre 2017, dans son discours de fin d’année, le président « hors mandat » Joseph Kabila présente ses vœux à ses « chers compatriotes ». Comme à l’accoutumée, sa voie est basse, son ton est monotone et son attitude nonchalante.
À peine quelques heures plus tôt, 8 personnes ont trouvé la mort et une quarantaine ont été blessées lors de manifestations organisées par l’Église Catholique. Et pourtant, l’homme censé être le garant de la nation ne prononce pas un mot sur ces incidents. Pas de condamnations des violences, pas d’assurance qu’il y aura une enquête pour faire la lumière, pas d’offre de condoléances… rien !
Cela peut sembler étonnant aux yeux du monde, mais pour les Congolais c’est le Kabila qu’ils connaissent, ou plutôt ne connaissent pas, depuis 16 ans : d’un froid glacial. Dur d’avoir l’impression qu’il croit en ce qu’il dit tant il parle comme un robot, comme si on lui soufflait des phrases à l’oreille en temps réel.
Cette manière méprisante d’être détaché ne fait qu’accentuer le fossé entre une majorité des Congolais et lui.
Il faut remonter à la colonisation belge pour se rappeler un dirigeant aussi froid. Car, tous les Congolais qui ont précédé Joseph Kabila à ce poste, de LD Kabila à Mobutu en passant Kasa-Vubu, n’ont jamais été si peu démonstratifs d’empathie envers leurs compatriotes.
En 2016, Le Togolais Edem Kodjo était négociateur chargé de faciliter un dialogue entre le pouvoir congolais et son opposition, il a eu à côtoyer Kabila durant la médiation instiguée par l’Union africaine. Dans une entrevue accordée à l’hebdomadaire Jeune Afrique, Kodjo décrit que le jeune président est d’une « sensibilité à la fois vive et rentrée… »
La journaliste belge Colette Braeckman abonde dans le même sens, dans son ouvrage « les nouveaux prédateurs : politique des puissances en Afrique centrale », elle dit de Joseph Kabila, que selon son entourage, il passerait beaucoup de temps à lire et écouter ses critiques sur internet.
Que se cache-t-il donc derrière cette carapace de fer? Cette froideur sans nom serait-elle un mécanisme de défense pour un être plus sensible que la norme ou Kabila n’est qu’un asocial incapable de ressentir la souffrance des autres?
Il en revient aux spécialistes de la santé mentale de s’attarder sur ce cas. En ce qui concerne le Congolais lambda, peu importe le diagnostic, Joseph Kabila est le pire communicateur de l’histoire du leadership de ce pays.
Même l’éleveur parle à ses vaches. Comment peut-on penser conduire un peuple en jouant les muets mystérieux?
Ce n’est surement pas à Joseph Kabila que l’on demandera d’être un tribun, mais il est d’un tempérament si désinvolte que l’on est on droit de se questionner s’il n’est pas émotionnellement déconnecté des Congolais?
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