Héros pour les Uns, zéros pour les autres, les sentiments sont ambivalents lorsqu’il s’agit de parler des combattants congolais. Là où ils font l’unanimité, c’est qu’ils suscitent les passions. Pas étonnant pour des êtres passionnés, qui se sont approprié les affaires publiques congolaises avec un zèle sans précédent.
À coup de vidéos quotidiennes sur YouTube, les combattants font ce qu’ils savent, et peuvent, faire : hurlent, mobilisent, et surtout, bloquent les concerts de grandes stars de la chanson congolaise.
Mais, pourquoi empêcher des spectacles de ses compatriotes? Pour mettre l’emphase sur l’incohérence de la situation : comment se fait-il que le peuple qui détient le record de morts depuis la Deuxième Guerre mondiale soit, au même moment, le plus danseur?
Pour répondre à cette question, il a fallu couper la musique. C’est la moindre des choses, tout le monde sait qu’il est ardu de réfléchir dans le bruit…
Mais, le plus grand fait d’armes des combattants est la mouvance Combattant elle-même. Cette nébuleuse, ce genre de désordre organisé, s’est montrée plus efficace que les 80 % des centaines de parties politiques qui pullulent au Congo.
Les combattants ont du génie, ils arrivent, tant bien que mal, à faire ce qu’aucun groupe politisé congolais n’a jamais réussi à faire : créer un mouvement holacratique. Une structure qui avale ses leaders, une organisation qui n’est pas suspendue aux lèvres d’un seul homme, aussi grand soit-il. Ainsi, même les changements d’humeur des plus célèbres d’entre eux n’ont pas d’impact sur la base, celle-ci reste indomptable. Elle n’a pas d’ambition politique, donc ne cherche pas à plaire. Elle demeure droite dans ses bottes, tel un gendarme du peuple.
Bien sûr que ce genre de fonctionnement vient avec des failles, quel système n’en a pas ? Bien entendu que dans ce regroupement, il y a des individus mal intentionnés, quel troupeau n’a pas de brebis galeuses?
Mais, contrôler les égos de tout un chacun et se mettre au même diapason pour une cause commune relève déjà de l’exploit. Mettre tant d’énergie dans une cause sans calculer un poste, un gain financier ou tout autre retour d’ascenseur, mérite un applaudissement, pour quiconque connaît le milieu opportuniste qu’est la politique.
Einstein disait que la « bêtise, c’est de répéter la même chose, et de s’attendre à un résultat différent ». Les combattants ne sont donc pas bêtes, comme beaucoup de détracteurs aimeraient le faire croire. Ils innovent, à coup d’essai-erreur, ils redéfinissent les contours de la chose publique.
Ils rangent dans les tiroirs, cette culture du Sauveur-tombé-du-ciel qui réglera tous vos problèmes par la pensée magique.
Ils sont la preuve que la politique est l’affaire de tous, qu’elle n’est pas statique, et réservée à une certaine élite.
Oui, il y a d’énormes lacunes, mais cela nous renvoie à l’éternel débat du verre à moitié, soit vous le voyez à demi vide, soit à demi plein. Tout est une question de paradigme.
L’Histoire jugera.
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