Suite à une extraordinaire solidarité de la part de toute la presse malgache, Jean-Luc Rahaga, directeur du quotidien Madagascar Matin et son éditeur en chef Didier Ramanoelina ont retrouvé leur liberté après avoir publié une information accusant trois ministres dans le trafic du bois de rose.
Le bois de rose est un bois précieux protégé par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction. La nouvelle classe moyenne chinoise est le plus fort consommateur. Ayant épuisé ses propres ressources en bois de rose et ceux de proches voisins, tels que la Birmanie, les importateurs de bois chinois ont porté leur attention sur Madagascar.
C’est en rendant publique une lettre d’un lecteur que le ministre des Infrastructures, Rivo Rakotovao porte plainte puis accuse les journalistes de « diffamation et de délit de presse ».
Le procès qui a suivi où les journalistes risquaient jusqu’à deux ans de prison et le journal d’être muselé pendant un mois s’est déroulé loin des regards publics à huis clos.
Plusieurs manifestations ont eu lieu. Le Président Hery Rajaonarimampianina élu dans une élection le 20 décembre 2013 qui avait promis de « diriger personnellement le combat contre les trafics de bois de rose » a du personnellement prendre position et désapprouver l’emprisonnement des journalistes.
Malgré la libération de deux journalistes, le mouvement continu. Certains papiers réclament la démission des ministres mis en cause dans le commerce illicite du bois précieux, la mafia du bois, que le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) estimait en 2012 entre 30 et 100 milliards de dollars.
Pour protester, certains chroniqueurs politiques ont décidé de ne plus relayer l’ « endoctrinement » gouvernemental dans leurs journaux respectifs tant que ceux qui sont visés démissionnent ou soient démis de leur fonction. Une action que le gouvernement critique fortement aux Malgaches qui peuvent encore l’entendre…
Et ceux qui sont pointés du doigt ne sont nullement anonymes. Jean Omer Beriziky Premier Ministre jusqu’en avril 2014 dans une lettre au Président laissait couler juste avant sa démission dans les médias : « […] On notera les exemples flagrants
– Les deux semi-remorques transportant des bois de rose à Tuléar ont été restitués à la propriétaire suite à une ordonnance délivrée par le tribunal
– La non-citation à comparaître par le tribunal de première instance d’Antalaha de Monsieur Thunam, détenteur de 5 500 rondins de bois de rose stockés sur son terrain à Ambalabe et qui ont mystérieusement disparu
– La cavale de Norbert Chris, dit Labiny propriétaire déclaré de la cargaison de bois de rose en provenance d’Imorona, embarquée sur le bateau LAUZY
– Le procureur d’Antalaha pris en photo en flagrant délit sur un bateau impliqué dans le trafic de bois de rose à Antalaha […] »
Maintenant, depuis quelques jours, une nouvelle loi malgache interdit toutes critiques sur internet des représentants de l’État. Une infraction qui sera punie de deux à cinq ans de prison.
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