Les législateurs gambiens ont adopté une loi criminalisant l’excision et évoquant des peines de prison allant jusqu’à trois ans pour toutes personnes faisant fi de la nouvelle loi.
Pour clôturer l’année 2015, l’Assemblée nationale de la Gambie a voté par une large majorité l’inscription de la loi dans le Code pénal, ceci un mois après que le président Yahya Jammeh confirme l’obsolescence de l’excision et ordonne sa cessation immédiate.
Isatou Njie-Saidy, qui occupe la deuxième plus haute fonction de l’État gambien en tant que Vice-présidente et Secrétaire d’État des affaires féminines du pays ouest-africain déclaré « État islamique » en décembre 2015, affirme que les législateurs feraient « respecter les droits constitutionnels des femmes et des filles pour qu’elles ne soient pas soumis à des pratiques qui nuisent à leur santé et leur bien-être».
Les mutilations génitales féminines, ou MGF, demeurent très communes en Gambie, avec un certain nombre d’autres pays africains et certaines parties du Moyen-Orient.
L’Organisation mondiale de la santé estime que plus de 125 millions de femmes dans le monde ont subi cet impitoyable traitement, qui consiste à couper les lèvres et le clitoris, souvent alors que les filles sont âgées de quelques années.
Hormis la déshumanisation de l’excisée, l’excision peut conduire à des problèmes de santé aigus. Parfois pratiqué avec du verre brisé en guise de bistouri, souvent sans anesthésie, cette pratique ouvre la porte aux infections, aux saignements, à la stérilité, des complications lors de l’accouchement qui peuvent être mortelle et surtout inhibe le plaisir sexuel de la femme.
Alors que certains utilisent l’islam pour justifier la manœuvre périlleuse, Yahmeh Jammeh au pouvoir depuis 21 ans(!) en Gambie, a déclaré en novembre que la pratique n’est pas prescrite par l’Islam, qui est la religion d’environ 95 pour cent des 1,8 million de la population du pays et qu’elle devrait être bannie, effacée. Les Africains d’autres confessions exécutent la sanglante opération, en se justifiant que c’est un élément culturel essentiel.
Avant le vote du 28 décembre 2015 il n’y avait pas de législation spécifique pour encadrer l’excision. Par contre des procédures judiciaires auraient être entamées en s’enveloppant sur des aspects existants du Code pénal, tels que des voies de fait graves.
Le Women Amendment Act 2015 mandate une peine d’emprisonnement allant jusqu’à trois ans, d’une amende de 1 300 $ ou les deux pour toute personne prise à pratiquer ou impliquées dans la mutilation génitale féminine.
Samba Bah, le leader de la minorité de l’assemblée, a voté contre le projet de loi, exprimant ses préoccupations que le gouvernement n’a pas suffisamment consulté le public sur ce qui était auparavant considéré comme un rite de passage en Gambie. Mais la vice-présidente de l’Assemblée nationale Fatou Mbye a salué l’un des textes les plus «progressistes» que le Parlement, qui n’a connu que deux présidences depuis son indépendance en 1965, n’ait jamais passé.
Selon le Fonds des Nations unies de l’UNICEF, près de 76% des femmes gambiennes vivent avec les contrecoups de la mutilation génitale, juste derrière le Soudan avec 88% et devant le Burkina Faso avec 75%. En Ouganda et au Cameroun, 1% des femmes sont toujours excisées.
La Somalie, qui a la plus forte prévalence de MGF dans le monde, a indiqué qu’il aimerait mettre fin à la pratique, en disant qu’il était «déterminé à y arriver », malgré une importante résistance dans le pays. Aujourd’hui, 98% des filles âgées entre 4 et 11 ans ont les organes génitaux mutilés en Somalie. La sinistre seconde place revient à la Guinée avec une prévalence de 96%. Selon une enquête de l’OMS menée en 2013 dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, 19% des femmes pensent que l’excision doit être stoppée comparativement à 42% des hommes.
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