Contrairement à des stars planétaires comme Elvis Presley et Bob Marley, tu as eu la chance de franchir le cap des 50 ans. Mais, à l’opposé de Bob et d’Elvis, ton talent s’est précocement révélé aux yeux d’une Amérique sectaire. Plus les jours et les mois s’amoncèlent derrière ta subite disparition, plus ceux qui t’ont aimé et acclamé se rendent compte de l’important rôle que tu as joué dans l’émancipation des Noirs dans les États du monde minés par le racisme, de la ville de Gary, en Indiana où tu as vu le jour, à Los Angeles en Californie où tu as rendu l’âme.
À tout seigneur, tout honneur. Michael Jackson a reçu les honneurs posthumes dus à son rang au lendemain de sa subite disparition, et surtout lors de ses funérailles. Depuis la disparition d’Elvis Presley en 1977 et de Bob Marley en 1981, la grande famille musicale de la Terre n’avait plus été traversée par la grande émotion remarquable à l’annonce du décès de Michael Jackson. Du pôle Nord au pôle Sud, de la Polynésie à la Nouvelle-Zélande, tous les fans de la défunte vedette américaine tenaient à exprimer leur désarroi et affliction. Éditions et émissions spéciales sur les grandes chaînes de la planète, numéros spéciaux de grands magazines et tabloïds du monde, rétrospective sur Internet, etc. ; aucun canal n’avait été ignoré pour revenir sur le parcours hors pair du plus jeune des membres des ex « Jackson 5 ».
Auteur, compositeur, chanteur, danseur, producteur, acteur, chorégraphe, homme d’affaires, le roi de la « pop music » avait tout pour plaire et séduire. Même ceux qui ne partageaient pas sa lecture musicale et sa conception de la vie.
Un homme d’immenses héritages!!!
Détenteur du record d’albums vendus dans le monde (le nombre total de ses ventes est estimé à 750 millions !), Michael a aussi été le premier artiste noir dont les grands médias se sont arraché les clips aux États unis. Une première dans une Amérique peu encline, pendant de longues années, à reconnaître les mêmes droits à tous ses fils et filles. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les démêlés judiciaires du King de la « pop music » ont longtemps fait “la une” des grands médias du monde… Une somme de grosses arnaques intellectuelles et de diffamations au bout du compte, car les auteurs de plaintes contre Michael Jackson avoueront après son décès que l’artiste émérite ne s’était jamais rendu coupable des faits qui lui ont été reprochés à longueur de mois !!
Si l’image du Noir au pays de « l’Uncle Sam » est autre aujourd’hui, c’est aussi un peu grâce à la contribution de l’auteur du célébrissime « Thriller ». Autrement dit, Barack Hussein Obama (premier président de couleur des É.-U.) a joué sur l’héritage des Michael Jackson, Collin Powell ou encore Condoleeza Rice pour gravir les marches qui l’ont mené à la Maison Blanche le 20 février 2009. Car, être l’artiste noir auteur de ventes records d’albums dans le monde (pour Michael), premier général noir des U.S.A. pour M. Powell ou encore première femme noire secrétaire d’État pour Mme Rice ne passent pas inaperçus dans le vaste « melting-pot » américain dans lequel les legs divers de l’esclavage collent toujours à la peau de tout Noir… Même si Barack Obama ne s’est contenté que d’hommages à Michael, sans participer à ses obsèques!
Al Sharpton, un vétéran de la lutte pour les droits civiques, confiait ainsi à New York, quelques heures après la mort de Michael : « Michael Jackson a fait accepter les personnes de couleur, bien avant Tiger Woods et bien avant Barack Obama. Et personne ne pourra effacer cet impact historique » !! « C’était un homme qui a révolutionné la musique noire américaine jusqu’à lui ouvrir toutes les portes », affirmera dans le même ordre d’idées le célèbre griot et chanteur guinéen, Mory Kanté.
« Don’t give up until you get enough » (« Ne jamais baisser les bras avant d’avoir atteint le but recherché »), comme le clamait M. Jackson dans son premier tube solo, a été son credo majeur durant son séjour terrestre. Tout comme « Beat it » du nom d’un de ses tubes éponymes. Une invitation indirecte à la culture de l’excellence dans tout domaine de la vie. Michael qui est issu d’une famille modeste était mieux placé que quiconque pour apprécier l’importance du travail sans relâche pour parvenir à ses fins. Promotion de la paix, de la lutte contre les injustices sociales criardes dans le monde, apôtre de l’Amour étaient les grandes caractéristiques de l’ex-vedette des « Jackson 5 ». Des conceptions de la vie qu’il s’est efforcé de matérialiser non seulement à travers ses mélodies, mais aussi au moyen d’œuvres caritatives : Michael Jackson a récolté et donné ainsi plus de 400 millions de dollars (environ 180.000 milliards de FCFA) pour des actions charitables, notamment grâce à sa tournée « Dangerous World Tour ». « Très peu d’êtres humains arrivent à fédérer la terre entière, lui l’a fait », dira dans ce sens le célèbre saxophoniste camerounais Manu Dibango.
Bien avant le retour aux sources africaines pratiqué aujourd’hui par plusieurs artistes noirs émérites des É.-U., le septième des neuf enfants des Jackson a montré la voie… Au moyen de déguisements rappelant l’épopée glorieuse des Pharaons d’Égypte, ou encore la beauté de la savane africaine symbolisée par un animal phare : le lion. La célébrité de Michael a déteint sur celle de sa famille, mais cette dernière n’a jamais entouré d’attentions particulières la défunte « pop star ». Un mal, une adversité qui furent aussi source d’inspiration pour l’ancien chanteur des « Jackson 5 » et qu’il réussit à surmonter tant bien que mal. Au nom surtout de son amour pour la musique et l’Art en général. Un autre témoignage irréfutable de sa capacité à se relever des échecs de la vie, et une autre philosophie de vie léguée à la postérité. Surtout noire.
Douze mois après sa disparition, Michael Jackson demeure donc toujours l’homme des records, et l’un des artistes les plus adulés du monde. Puisse la commémoration de sa disparition tous les 25 juin interpeller dorénavant la conscience de tous les Noirs de la planète pour réécrire d’autres pages glorieuses; en Afrique comme dans sa diaspora.
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